Sachez, très chers lecteurs et lectrices, que je vais prendre un risque considérable avec l’article d’aujourd’hui : en effet, ce « Mardi sur son 31 » traite d’une saga mondialement connue. On ne présente d’ailleurs plus son auteur, qui a également signé une autre saga de romance paranormale (qu’on m’arrête si je dis des bêtises !) avec de célèbres Highlanders.

Non, pas celui-ci…
La série dont je vais vous parler se classe plutôt dans la fantasy urbaine, selon moi. Ses personnages – et un en particulier d’ailleurs ! – ont le don de susciter l’hystérie parmi les fans. Personnellement, autant vous annoncer la couleur tout de suite : j’en suis ressortie mitigée et ce pour plusieurs raisons (et je sens que l’une d’entre elles va faire hurler des lectrices… quand je parlais de risque plus haut, n’est-ce pas !)
Etat donné la popularité de l’ouvrage et surtout, la fréquence avec laquelle on me demande si je l’ai lue, autant vous livrer mes impressions dans ce billet !
Bref, je ne fais pas durer le suspense plus longtemps : cette saga, c’est celle de « Fever » (« Fièvre » en français) de Karen Marie Moning.

En VO…

… ou en VF
D’abord, de quoi ça parle ? Elle met en scène MacKayla Lane, « Mac » pour les intimes, une jeune femme bien dans sa peau, qui a toujours vécu dans sa bourgade natale perdue dans le sud des Etats-Unis et qui s’imagine très bien y vivre pour le reste de ses jours. Je souligne ce point, car il est rare de rencontrer une héroïne parfaitement contente de son sort. J’avoue que j’ai aimé ce trait chez Mac.
Dès lors, me direz-vous, quel est l’évènement – car il y en a toujours un, n’est-ce pas ! – qui va la faire sortir de son trou perdu ? L’assassinat de sa sœur bien-aimée, Alina, partie réaliser des études à l’université de Dublin. Le choc est immense pour « Mac » et sa famille, chacun tentant à sa manière de survivre. Ce qui déclenche le départ de Mac pour la verte Irlande n’est toutefois pas le décès brutal de sa soeur, (même s’il est lié bien sûr!), mais l’écoute d’un message laissé par cette dernière sur son répondeur (auquel elle n’avait pas eu accès jusqu’ici), où Alina lui disait clairement être en danger et semblait connaître l’identité de son agresseur…
En se rendant à Dublin, Mac n’imagine pas que son univers est sur le point de voler en éclats, au même titre que le monde entier d’ailleurs…

L’ensemble de la saga
Résumer les 5 tomes que compte la saga « Fièvre » en un article relèverait de l’impossible, je ne vais donc pas m’y essayer. A la place, je vais donc vous faire part de mon impression sur cette série, qui, si elle m’a valu de très bons moments de lecture, m’a aussi fait grincer des dents à de nombreuses reprises…
Commençons par le positif : j’ai beaucoup aimé la Mac du début, la jeune femme naïve mais néanmoins déterminée, décidée à faire la lumière sur le meurtre de sa sœur. J’ai lu dans certaines chroniques que des lecteurs n’avaient pas apprécié ce côté « Barbie » qui, il est vrai, peut se révéler agaçant par moments. Néanmoins, c’est cette fraîcheur qui lui a valu toute mon empathie au début de sa quête. Mac est naïve, mais pas stupide (même si elle met en danger un peu trop souvent à mon goût.) Sa vision de Dublin, de ses habitants, de leur accent aussi – j’ai adoré certaines des comparaisons de la jeune femme à ce sujet ! – et bien vite, de l’univers étrange qu’elle va découvrir m’a séduite.
Et puis, comment voulez-vous que je résiste quand l’auteur fait intervenir des fés ?
Pas n’importe lesquels : les Seelie, êtres d’une fantastique beauté, et les Unseelie, le revers de la médaille, ceux qui se montrent volontiers plus cruels et plus sournois. Dans ce cadre, je trouve que l’auteur a réalisé du très bon boulot, non seulement en ne divisant pas les fés en deux camps « les gentils » et « les méchants », mais en préservant toutes les traditions ancestrales et en plus, en les incorporant avec brio dans notre monde moderne…
Car Mac se frotte très vite au monde des fés : non seulement elle peut les voir – elle est un sidhe-seer, une personne ayant le don de double vue et qui sait voir au-delà des masques que portent les fés – mais en plus, elle va se trouver directement impliquée dans une dangereuse quête, celle du « Sinsar Dubh » (si je l’écris correctement du moins), un objet… pas comme les autres !
Notre monde est effectivement en danger, car les Unseelie, les créatures sournoises et cruelles dont je vous parlais plus haut, emprisonnées depuis des lustres, risquent de s’échapper de leur prison, les murs de celle-ci s’effritant de plus en plus pour une raison inexpliquée, à laquelle est lié le « Sinsar ».
Une héroïne attachante, de la fantasy urbaine avec des créatures hors de contrôle qui menacent d’envahir notre monde à tout moment, pourquoi suis-je donc ressortie mitigée de cette histoire, qui a l’air fort prometteuse ?
Car il y a une romance (très présente d’ailleurs). Et je n’ai pas accroché au personnage du « love interest ». C’est à ce moment que les fans de Barrons & Co risquent fort de me trucider (mais comme j’ai pris le risque, autant assumer jusqu’au bout !)

Un aperçu du monsieur en question…
Qui est donc Barrons ? C’est un personnage qu’on croise assez tôt dans l’intrigue – si mes souvenirs sont bons – et le propriétaire d’une librairie. Imaginez la scène : Mac sort à ce moment d’une traversée plus qu’éprouvante – on connaîtra plus tard la raison – d’un quartier enténébré, désert, où le vent fait voler des centaines de papiers (du moins c’est comme ça que Mac les voit). Les nerfs à fleur de peau, elle voit soudain se dresser devant elle l’enseigne lumineuse d’une librairie à l’ancienne, avec boiseries et marqueterie. Un tableau idyllique pour les lectrices que nous sommes. Mac entre donc dans ce paradis littéraire… et c’est donc là qu’elle rencontre Barrons.
Autant vous dire que je n’ai jamais réussi à me faire une représentation claire du physique de ce personnage. Ce qui est certain, c’est qu’il en impose. Et justement, pour moi, il en impose de trop. A tel point que j’ai eu beaucoup de mal à me le représenter en tant que « love interest » de l’héroïne. L’homme n’a guère de failles (j’ai dû attendre la seconde moitié du dernier tome pour en découvrir une, c’est dire), il ne montre guère son humanité. Bref, pour ma part, je ne l’ai pas trouvé attachant (mis à part lors de trop rares moments.)
D’ailleurs, au début de l’histoire, il sert de guide à Mac (un guide sarcastique et dominateur d’ailleurs, mais un guide tout de même) dans un univers, dont la jeune femme n’imaginait pas l’existence. Très vite (et quelque part c’est logique) il y a un rapport maître/élève qui s’instaure entre eux. Elle lui est utile pour une raison que je ne nommerai pas, il se sert d’elle et en contrepartie, lui enseigne comment se débrouiller dans ce monde où ils risquent tous deux leur vie (enfin, manière de parler, mais là non plus, je ne spoilerai pas).
Ce qui en vient au point qui m’a valu des grincements de dents, à savoir la vision de l’auteur concernant les rapports homme/femme. Qu’il y ait une phase d’apprentissage, OK. Que l’héroïne se retrouve dans la position de l’élève, OK. C’est logique. Néanmoins, comme je n’ai pas tardé à le comprendre, Mac va souvent rester dans cette position. Et quand en plus, j’ai appris l’existence des « copains » de Barrons, une bande de bras cassés, qui se comportent tous de manière cynique et de dominatrice, j’ai vite atteint mon seuil de tolérance. Et il faut dire que j’ai peu de tolérance en la matière. Goût personnel, je sais.
Notez que Mac a de la résistance et qu’elle a réussi à me faire sourire plus d’une fois par ses répliques cinglantes envers Barrons et sa bande.

Les fans comprendront…
Néanmoins, je ne l’ai jamais vraiment sentie leur « égale », je n’ai pas vu assez d’évolution à ce sujet. J’aurais aimé une héroïne qui, même si elle est amoureuse, n’en oublie pas pour autant qu’elle a des compétences propres et, grâce à celles-ci, peut s’imposer & revendiquer son indépendance (n’est-ce pas, Kate Daniels ?). Ajoutez à ça ma réaction épidermique face à Ryordan (un pote de Barrons) qui me donnait envie de le mettre au tapis lors d’un match de boxe plutôt que de m’extasier devant, et voilà comment ma lecture de « Fièvre » a été quelque part gâchée.
Vous me direz : dans ces conditions, pourquoi avoir tenu pendant 5 tomes ? Si Barrons & Co se révélait aussi insupportable, pourquoi avoir subi leur présence aussi longtemps ?
Parce qu’en dépit de ces défauts – outre le caractère des personnages masculins, la saga comporte des longueurs et des incohérences – la saga est addictive en ce sens où on a envie de connaître les résolutions des divers mystères développés tout au long de l’intrigue. On a envie de savoir. Et je dois dire que bien que l’auteur n’a visiblement pas du tout les mêmes goûts que moi en terme de personnages masculins – d’ailleurs, je la trouve trop obsédée par le sexe en général, l’intrigue aurait bénéficié d’un répit dans ce domaine selon moi – elle a réussi à tisser une histoire d’amour qui m’a émue (non, ce n’est pas celle de Mac et de Barrons, mais je pense que vous l’aviez compris !).

Un indice…
Pour terminer ce (long) billet, sachez aussi que ces cinq tomes constituent en quelque sorte un prélude, puisque l’aventure continue dans une nouvelle saga, dont le premier tome s’intitule « Iced » et est déjà publié aux éditions J’ai Lu. Malgré mon intérêt pour cette suite, qui met en scène un monde dans la veine post-apocalyptique, je ne poursuivrai pas l’aventure, vu un des « héros » de l’histoire (non, je ne vous dirai pas lequel)et qui risquerait fort sinon de m’être encore plus antipathique que Barrons !

Voilà, je vous laisse, je vais aller enfiler mon gilet pare-balles 🙂 Merci aussi de ne pas trop spoiler dans les commentaires, pour ceux qui n’auraient pas lu « Fièvre ». Vous pouvez aussi consulter le blog de Cécile G. Cortès pour un autre avis sur cette saga!