Une rubrique qui me tient à coeur et qui reprend du service ! Je vous l’avais déjà annoncé dans cet article et votre intérêt a encore renforcé ma décision de poursuivre ces chroniques. 🙂
Aujourd’hui, au menu pour cette troisième édition : trois romans – deux francophones, un anglophone – et surtout, trois coups de coeur !

Dysfonctionnelle d’Axl Cendres
4e de couv’
Fidèle, alias Fifi, alias Bouboule, grandit dans une famille dysfonctionnelle ; Papa enchaîne les allers-retours en prison, Maman à l’asile ; mais malgré le quotidien difficile, Fidèle vit des moments de joie, entourée de ses six frères et sœurs aux personnalités fortes et aux prénoms panachés : Alyson, JR, Dalida, Jésus… Cette tribu un peu foldingue demeure Au Bout Du Monde, le bar à tocards que tient le père dans Belleville, théâtre de leurs pleurs et rires.
À l’adolescence, la découverte de son « intelligence précoce » va mener Fidèle à « l’autre » bout du monde : un lycée des beaux quartiers où les élèves se nomment Apolline ou Augustin, et regardent de haut son perfecto, ses manières de chat de gouttière et ses tee-shirts Nirvana. Mais c’est aussi là que l’attend l’amour, le vrai, celui qui forme, transforme… celui qui sauve.
Mon avis
Si vous avez déjà zieuté ma rétrospective 2015, vous savez que ce roman fait partie de mon top lectures de cette année. Je me suis décidée à l’acquérir au salon de Montreuil, sur la base de plusieurs recommandations, et je peux dire qu’elles ont été bien avisées. Dysfonctionnelle, c’est avant tout un récit de vie – celui de Fifi aka Fidèle, et qui, contrairement à ce que le 4e de couv’ pourrait nous laisser penser, ne concerne pas uniquement l’adolescence de celle-ci. Bien au contraire. C’est une des nombreuses choses que j’ai aimé à propos de ce roman, c’est que l’auteur n’hésite pas à nous faire vivre divers moments de la vie de Fidèle – sa petite enfance sous les bombes, sa vie de jeune adulte, quand elle se bat pour sauver son frère ou encore ses choix d’adulte, par ex. face à la maternité.
Autre ligne rouge de ce roman, c’est la tendresse qui imprègne chaque phrase, chaque mot quand Fidèle parle de sa tribu, celle du Bout du Monde, le bar familial. Ce qui n’empêche nullement les coups de gueule, les coups de sang, les brouilles et les séparations. J’ai énormément aimé ce joli pied de nez aux conventions et clichés que représente cette famille. Et puis il y a Sarah et sa relation avec Fifi. Une relation qui s’esquisse au lycée, entre premiers désirs, premières trahisons aussi, qui se noue au fil de la fac, qui se perd également. Un portrait réaliste, intimiste, sensible aussi de cette histoire d’amour, qui m’a beaucoup touchée.
Je m’arrêterai là, car c’est un récit qui se déguste et qui se savoure !
Bref, si vous ne connaissez pas encore Dysfonctionnelle, je ne peux que vous le recommander !
Passons au deuxième opus…

Le faire ou mourir de Claire-Lise Marguier
4e de couv’
Vus de l’extérieur, ils faisaient plutôt peur, ceux de la bande à Samy, avec leurs coupes de cheveux étranges, leurs vêtements noirs, leurs piercings… Mais le jour où les skateurs s’en sont pris au nouveau du collège, Dam, avec son physique de frite molle, c’est Samy qui s’est interposé et lui a sauvé la mise. Et c’est comme ça qu’ils se sont rencontrés, et que l’histoire a commencé. Samy a essuyé le sang qui coulait de la tempe de Dam, avec sa manche noire. C’était la première fois que quelqu’un le touchait avec autant de douceur…
Mon avis
Il y avait longtemps que ce roman me faisait de l’oeil. Aussi, quand je l’ai vu en librairie, je n’ai pas hésité. Et qu’est-ce que j’ai bien fait !
Le faire ou mourir a été une jolie claque. C’est un récit à fleur de peau, tendre et sensible, mais aussi abrasif et rugueux. J’ai mis un peu de temps avant de m’habituer à la narration à la première personne et surtout à la voix de Dam, mais ensuite, j’ai été complètement happée par le récit. Je me suis vite prise d’intérêt, d’affection aussi pour ce jeune homme mal dans la peau, mal dans sa famille, avec un père autoritaire et aux idées bien arrêtées sur ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Il est impossible de ne pas se sentir touché par sa relation avec Sammy, par leur amitié, par ce lien qui s’établit, physiquement, sensuellement également sans qu’aucun des deux ne se sente attiré en général par les garçons.
Et puis, cette fin… J’applaudis devant l’audace de l’auteur devant ce dénouement, qui m’a d’abord heurtée, meurtrie, qui m’a fait trembler aussi, pour finir – heureusement ! – par me rasséréner et m’apaiser. M’émouvoir aussi. Un très bel opus, assez court, qui dévoile en un peu plus d’une centaine de pages l’importance de s’accepter comme on est, l’importance de la famille, de l’amitié, des liens que nous établissons les uns avec les autres.
Vous l’avez compris, Le faire ou mourir est un récit-coup de poing, coup de coeur aussi. A découvrir d’urgence si vous ne l’avez pas encore lu !

This is Where it ends de Marieke Nijkamp
4e de couv’
0:00 a.m.
The principal of Opportunity, Alabama’s high school finishes her speech, welcoming the entire student body to a new semester and encouraging them to excel and achieve.
10:02 a.m.
The students get up to leave the auditorium for their next class.
10:03
The auditorium doors won’t open.
10:05
Someone starts shooting.
Told over the span of 54 harrowing minutes from four different perspectives, terror reigns as one student’s calculated revenge turns into the ultimate game of survival.
Mon avis
Je vous préviens d’emblée, j’ai fini ce roman hier soir et je suis encore sous le choc de ma lecture. Ce livre m’a peu à peu complètement happée, dans son histoire, dans ses personnages, dans la (triste) résonance qu’il trouve avec notre actualité. Je disais sur Goodreads que, si cela avait été possible, je lui aurais mis 6 étoiles et croyez-moi, c’est plutôt rare que je le dise. Comme il est tout aussi rare qu’un bouquin me submerge aussi complètement, au point de me faire monter les larmes aux yeux. C’est ce que l’auteur est parvenue à faire, avec ce suspense haletant, qui nous fait vivre 40 minutes d’enfer.
Nous nous trouvons à Opportunity, petite bourgade perdue au sein des Etats-Unis. C’est la rentrée scolaire et la proviseur finit son discours habituel de bienvenue. Tous – professeurs, élèves – s’apprêtent à rejoindre leurs classes quand ils découvrent que les portes de l’accès principal sont fermées. Au même moment, celles de l’accès secondaire s’ouvrent sur un ancien élève. Armé jusqu’aux dents. Il s’appelle Tyler et dans l’auditoire plein à craquer, se trouve Autumn, sa soeur, l’un des points de vue que nous allons suivre.
Il y aura Sylvia, amie et amoureuse d’Autumn; Tomas, le frère de cette dernière, qui se trouve par miracle en-dehors de l’auditoire et qui va tout faire pour libérer les otages; Claire, l’ex-petite amie de Tyler. Et entre ces points de vue, chacun solidement caractérisé, les témoignages sous forme de tweets, de SMS, d’articles de blog des personnes concernées, de près ou de loin.
Il est impossible, quand on lit ce livre, de ne pas penser aux récentes attaques. C’est la même émotion qui m’a prise à la gorge, qui m’a touchée en plein coeur, en lisant ce récit d’angoisse, de solidarité, de terreur, de courage, mais aussi et surtout d’humanité. J’ai été très touchée en particulier par la relation entre Sylvia & Autumn, les non-dits régnant entre elles, leurs réactions à chacune durant la prise d’otage et surtout la conclusion, qui ne vous laisse pas indemne.
Je suis sortie de là, le coeur en miettes, mais aussi et paradoxalement, émue et apaisée.
This is Where It Ends fait définitivement partie des romans qui m’auront secouée, chamboulée et fait réfléchir également.
Je clôture là ce troisième opus ! Si vous avez des titres LGBT+ à me recommander, n’hésitez pas 😉