Le titre, c’est un peu la cerise sur le gâteau pour les écrivains. Ou au contraire, le premier jalon d’une longue route. Expliquons!
Certains ne le trouvent qu’à la fin, ou du moins le titre de leur bébé leur vient en chemin, au terme de recherches/brainstormings/demande aux copains et BL (bêta-lecteurs)/ votes à main levée. D’autres, en revanche, le trouvent avant même d’écrire la première ligne. Dans certains cas, le titre même détermine toute l’intrigue qui en découle.
Il faut dire que cette méthode – si l’on peut parler de méthode, d’ailleurs! – a certains avantages. Car, pour le lecteur, le titre est, au même titre que la couverture, ce qu’il voit en premier. Le titre doit non seulement titiller son imagination, mais en plus l’intriguer suffisamment pour qu’il/elle prenne le livre en main et fasse le second pas, à savoir lire le 4e de couverture.
Le titre est une promesse et à ce titre, il doit également « remplir son contrat », à savoir être fidèle au contenu – promesse d’ailleurs qui n’est pas toujours tenue, je vous citerai un exemple ci-dessous! – et vous livrer un avant-goût, un « appetizer » de ce qui est à venir sans vous en dire de trop. Personne n’a envie d’un titre du genre « Happy end à la fin » ou « Tous morts jusqu’au dernier ». Dans le genre spoilers, avouons que ça vous gâche un peu le plaisir de la lecture!
Mais revenons au moment de la création, où le titre soit vous apparaît dans une glorieuse vision, digne des Apocalyses, soit… se fait attendre. Existe-t-il une bonne méthode pour trouver un titre ? D’après mon expérience, pas vraiment. Comme je le disais plus haut, il doit remplir certains prérequis, certes, mais ce n’est pas pour autant facile à trouver.
Pour ma part, j’ai eu à diverses reprises les deux expériences. Soit le titre m’apparaît tout de suite (et dans ce cas là, je suis pire qu’une mère dragon avec ses oeufs : on n’y touche pas! Heureusement, mes éditrices ont toujours été dans mon sens. Ouf!) soit il se fait attendre et là, heureusement *bis* j’ai pu compter sur la collaboration de mes BL et de mes éditrices.
Les Outrepasseurs relève de la première catégorie par exemple, alors qu’Au service des Insectes a été le fruit d’un brainstorming commun avec mon éditrice. Aux lecteurs de juger. Moi, en tout cas, j’aime les deux ! Notez que dans le cas de ma nouvelle « Au Service des Insectes », ne pas trouver le titre ne m’a pas empêché d’écrire la nouvelle d’une seule traite (ou quasi).
Je terminerai par quelques titres qui me paraissent particulièrement bien trouvés, dans le sens où ils jouent à perfection leur rôle de « titillateur » et reflètent en même temps fidèlement le contenu de l’histoire!

Je commence par un roman que je viens de terminer et qui est une très jolie découverte! Observez le titre ET la couv, parfaitement en adéquation. Dès le premier coup d’oeil, vous avez le thème central du roman: la dualité. « What’s left of me », qu’on traduirait littéralement par « Ce qui reste de moi » parle en effet de deux âmes dans un même corps, Addie et Eva. Dans cet univers, tout le monde naît avec deux personnalités jusqu’à ce que l’une d’entre elles, vers l’âge de 4-5 ans, disparaisse. Ce n’est pas le cas pour Addie/Eva, qui doit cacher son statut d’hybride, dans un monde qui ne les tolère point.
Pour ma part, je pense qu’on peut difficilement faire mieux au niveau harmonie.
Un autre exemple, qui ne joue pas sur la même base mais tout aussi brillant, ce sont les…

Fortune Cookies de ma chère Silène Edgar !
A première vue, on peut se demander le rapport entre le titre et la couv’. En fait, tous deux illustrent un point capital, un tournant de l’histoire. Et de plus, l’un comme l’autre interpellent et intriguent. La couverture donne le ton, par son illustration et ses couleurs. Et les Fortune Cookies, par la promesse – littérale! – qu’ils renferment. Une autre méthode, gagnante pour ce roman, qui est une réussite à tous points de vue.
Et pour vous donner une idée de ce qu’un titre aussi bien qu’une couverture peuvent donner dans l’autre sens, à savoir qu’ils ne reflètent absolument pas le contenu du roman, voici à mon sens le parfait contre-exemple !

Si vous avez lu ma critique, vous savez déjà que j’ai détesté ce roman. Et quand je dis « détester », c’est au point que si j’en avais eu un exemplaire papier, il aurait été projeté plusieurs fois contre le mur. Le comble, c’est que le titre aussi bien que la couv’ VF ne reflète absolument pas le contenu du roman.
Le titre et son accompagnement vous promettent un théorème ou du moins une formule pour trouver la femme idéale – je me retiens déjà sur cette légende – promesse qui, à mon sens, n’est absolument pas exploitée dans le roman, puisqu’en fait, l’intrigue ne tourne même pas autour de cette soi-disante quête. Quant à l’illustration, ce pauvre homard chargé à lui tout seul d’apporter sa touche de couleur, laissez-moi vous dire qu’il n’est présent que pendant quelques pages, au point que si vous ne recherchez pas sa présence de manière compulsive, vous ne le trouverez pas. Il n’y joue d’ailleurs aucun rôle vital, à part celui de finir dans l’assiette du héros et de Rosie. Personnellement, je cherche toujours le lien…
Dans ce cadre, d’ailleurs, je préfère largement la couverture & le titre anglophones, qui ont au moins le mérite de refléter le contenu du bouquin, à savoir

En VF « le projet Rosie » – qui est bel et bien le fil rouge du roman – et l’illustration du vélo, qui est un clin d’oeil au moyen de transport favori du personnage principal, présent LUI tout au long du roman.
Et vous, qu’en est-il de vos titres ? Cerise sur le gâteau ou premier jalon d’une longue route ? Les trouvez-vous facilement, pas du tout ? Avez-vous une méthode bien à vous pour faire jaillir l’inspiration quand celle-ci est en panne? N’hésitez pas à partager 🙂