L’envoi d’un manuscrit : quelques conseils (3)

Cet article fait suite à ceci et cela. Il inaugure aussi le come-back des articles sur l’écriture (notez que je ne vous promets pas que ça continuera dans cette veine!)

Je vais plutôt me concentrer sur ce qu’il se passe/peut se passer après l’envoi d’un manuscrit aux comités de lecture des maisons d’édition/à l’éditeur lui-même, selon la taille de la dite maison (et parce qu’on ne le dira jamais assez : renseignez-vous sur la maison avant de lui envoyer quoi que ce soit ! Il existe différents modes concernant l’édition, plus d’informations ici)

Revenons à nos moutons. Ou plutôt au manuscrit qui est envoyé. Que faire après, me direz-vous, sinon attendre, attendre et… attendre ? 

Une chose est sûre : l’attente fait partie du quotidien de l’auteur, c’est une compagne inséparable. Autant vous faire à l’idée tout de suite si vous tentez l’aventure. Et plutôt que de pester contre les délais annoncés par les éditeurs, mettez-vus plutôt dans la peau d’un comité de lecture, dont ceux des maisons les plus célèbres reçoivent un manuscrit toutes les 8 minutes. Ou plusieurs milliers par an. Hé non, vous n’êtes pas le seul à tenter votre chance !

La question de la relance d’un éditeur vient souvent sur le tapis, sans qu’il y ait de réponse toute faite. C’est au cas par cas. Une chose est certaine : pas la peine de lui envoyer des mails toutes les semaines ( à moins que vous n’ayez discuté avec lui auparavant et qu’il vous ait recommandé une telle initiative).  Vous n’avez pas obtenu de réponses durant les premières semaines et vous vous dites que c’est fichu ? Pas forcément. Là aussi, cela fonctionne au cas par cas, selon les maisons. Certaines affichent d’emblée la couleur (perso, j’aime ce mode de fonctionnement) : si vous n’avez pas reçu de nos nouvelles dans les 3 mois, c’est que votre manuscrit a été refusé. D’autres indiquent un délai moyen pour leurs réponses, qui va en général de trois à neuf mois. Bon, pas la peine non plus de les relancer sitôt le délai écoulé : souvenez-vous que l’éditeur n’a pas que cela à faire. Néanmoins, cela vous donne déjà une idée. Chez d’autres, enfin, le silence peut être de bon augure. Hé si ! Preuve s’il en est que toute les maisons ne fonctionnent pas sur le même mode.

Vous avez (finalement) reçu une réponse et elle est négative ?

Croyez bien que je compatis (j’ai reçu mon lot de « non » aussi). Dites-vous bien que vous êtes susceptibles de recevoir davantage de « non » que de « oui » dans votre parcours d’auteur. Ca fait partie des règles du jeu.

Ce n’est donc pas la peine de répondre de manière agressive, d’insulter la personne qui vous a signifié le « non » ou de jouer au caliméro (du moins avec elle). Surmonter un « non » n’est pas toujours facile, mais vous pourrez en recevoir bien d’autres. Allez-vous agresser tous ceux qui vous répondront par la négative ?

Une variante est le refus personnalisé. D’un côté, c’est le signe que votre manuscrit, même s’il a été refusé, a attiré l’oeil du comité de lecture/de l’éditeur. Qu’il a été lu (du moins une bonne partie) et que l’éditeur/autre personne bossant pour la maison prendra la peine de vous indiquer pourquoi votre manuscrit a été refusé. Et non, ce n’est pas la norme (rappelez-vous ce que je disais plus haut sur le nombre de manuscrits reçus chaque année par les comités de lecture).

Néanmoins, le refus personnalisé est une arme à double tranchant. Certes, vous avez droit à un avis plus détaillé qu’un simple « non ». Cependant, rappelez-vous aussi que tout aussi experte soit la maison qui vous l’aura rendu, il ne s’agit jamais que de SON avis à elle seule. C’est important de faire la distinction, car vous pourriez penser que cet avis est partagé par les autres maisons auxquelles vous avez envoyé votre manuscrit. Ce qui ne s’avère pas toujours vrai! Donc, avant de foncer tête baissée et de remodeler par ex. votre manuscrit selon les indications contenues dans le refus, attendez.

Vous avez reçu une majorité de refus ?

Là aussi, ça peut arriver. Et vous savez quoi ? Il n’y a rien d’honteux à cela. L’immense majorité des écrivains est passé par cette étape. Retroussez-vous les manches et selon les avis que vous avez reçus, tentez de voir pourquoi cela n’a pas marché. Dites-vous aussi que le facteur chance est important. Peut-être votre manuscrit attirera-t-il l’oeil d’un éditeur par la suite ? Hé oui, cela peut arriver! Donc avant de le brûler ou de le déchiqueter en petits morceaux, là aussi, attendez !

Et en attendant, écrivez !

Vous avez reçu un « oui » ? 

Félicitations! Passé l’euphorie et la bouteille de champ’, renseignez-vous aussi sur les clauses du contrat que vous allez signer et les détails pratiques. N’hésitez pas à en discuter avec l’éditeur si vous ne comprenez pas tel ou tel point (je vous rassure, là non plus il n’y a pas de honte!). Vous ne savez pas où chercher des informations ? Une des bonnes adresses à retenir est celle de la Charte des auteurs  & illustrateurs jeunesse, qui a réalisé plusieurs publications claires, avec un brin d’humour, sur le sujet. Vous les retrouverez dans cette section.

Et si vous voulez plus d’infos sur l’après-oui, je vous en donne un petit aperçu dans cet article.

J’espère que cet article vous aura éclairé, il est en tout cas loin d’être exhaustif et n’hésitez pas à partager vos propres impressions !

Le mardi sur son 31

Aujourd’hui, c’est le fruit – c’est le cas de le dire… – d’une lecture commune menée la semaine dernière avec plusieurs lectrices et bloggeuses, dont Cécile, Plume de Cajou et Bleueetviolette entre autres, que je vous présente ! Je mettrai les liens vers leurs chroniques.

Cette lecture commune portait donc sur :

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Je dois dire que je ne connaissais pas du tout le roman et que si je garde un lointain souvenir du film – surtout pour une scène en fait! – je ne me souvenais plus guère de son atmosphère.

Quatrième de couverture

Evelyn Couch, une femme entre deux âges (« Je suis trop jeune pour être vieille et trop vieille pour être jeune » dit-elle), dépressive, rend visite à une parente dans un hôpital. Là, elle fait la rencontre d’une charmante octogénaire, Ninny Threadgoode, qui lui raconte des histoires vécues soixante ans plus tôt. Cette rencontre va bouleverser sa vie.

Mon avis

Comme je l’ai plus haut, je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce roman. Je me suis donc plongée dans le récit d’Evelyn, femme au foyer dépressive, qui a toujours respecté avec soin les conventions de la société, et qui s’ennuie à mourir dans son train-train quotidien. Alors qu’elle vient rendre visite à son acariâtre belle-mère en maison de retraite, elle s’échappe et rencontre Ninny, vieille dame de plus de quatre-vingt printemps mais à l’oeil et la mémoire toujours alertes, et qui commence le récit des « Beignets de tomates vertes » proprement dit…

Celui qui remonte dans le temps, nous propulse dans les années 30, dans le sillage de la Grande Dépression, en Alabama, où le Whistle Shop fait les beaux jours d’une petite communauté.

Avec ce cadre, vous pourriez vous attendre à ce qu’on vous parle de la pauvreté qui touche le pays, du racisme aussi et de la misère. Et vous l’aurez. Mais servi sur un ton optimiste, chaleureux, parfois naïf, mais toujours empreint d’une bonne humeur, à l’image de sa narratrice, Ninny Threadgoode. J’ai adoré remonter le temps en sa compagnie et celle d’Evelyn et découvrir les histoires du Whistle Shop. L’histoire d’amour entre Ruth et Idgie, le parcours de Stump, les éditoriaux de Dot Weems avec sa « chère moitié » aka l’homme le plus maladroit de tout l’Alabama, qui m’ont fait beaucoup rire, et le destin d’Evelyn lui-même, ces fils rouges qui parcourent le roman et nous bousculent de lieux en époques différents m’ont charmé.

Néanmoins – il fallait bien un « mais » – en dépit de tout son charme et de l’optimisme véhiculé dans ces pages, ce roman ne sera pas un coup de coeur. Car trop de flash-backs tue le flash-back. C’est ce qui m’a le plus gêné au fur et à mesure de ma lecture: la structure inutilement décousue. Je m’attachais à peine à un personnage que hop! deux pages plus tard, vous étiez dans une autre époque, avec un autre personnage principal et d’autres thèmes abordés. Une technique de narration par « vignettes », qui m’a beaucoup frustré d’ailleurs quand une de mes histoires favorites était abordée, telle celle de Ruth et Idgie, qui m’a beaucoup touché. Si on finit par connaître leur histoire en entier, il faut néanmoins attendre pas mal de pages avant d’avoir le fin mot. Et entre temps, je ne vous raconte pas le nombre de fils rouges à connecter entre eux pour savoir qui est qui, qui fait quoi ! Bon, j’y suis arrivée et avec grand plaisir, mais le début peut être déconcertant.

En conclusion, c’est une belle découverte que ce bouquin, qui chronique avec chaleur et amour le Sud des Etats-Unis et son évolution depuis les années 30′ et qui aborde des thèmes sensibles avec beaucoup de justesse et de sensibilité. S la structure narrative avait été différente, je pense qu’il aurait fini dans mes coups de coeur ! Il m’aura en tout cas laissé avec le goût sucré-salé des fameux beignets en bouche et une furieuse envie de revoir le film!

Je vous laisse sur cette citation, qui met en scène un de mes personnages favoris !

À propos de cinéma, quand je suis rentrée l’autre soir, ma moitié était tellement impatiente d’aller voir le film qui passait, tant qu’on pouvait encore profiter du tarif matinée, qu’ il ne m’a même pas laissé le temps de souffler. Il a décroché son manteau et, m’empoignant par la main, m’a entraînée avec lui. Mais une fois qu’ on a été assis dans le cinéma, il n’a rien trouvé de mieux à faire que de se plaindre de son dos pendant tout le film. C’est seulement en rentrant à la maison que cet idiot s’est aperçu qu’il avait oublié dans sa hâte d’enlever le cintre de son manteau. Je lui ai dit que la prochaine fois nous paierons le tarif du soir, parce qu’il m’avait gâché mon plaisir, à se tortiller comme un ver sur son siège.
Personne ne voudrait acheter un mari légèrement fatigué, pour un petit prix ?

Revue du Web n°17 – semaine du 17 février

Et c’est reparti pour un tour du Web, avec moult news et autres liens utiles !

On va commencer par une interview intéressante – et ce n’est pas seulement parce que c’est mon éditrice que je le dis! – de la directrice éditoriale de Gulf Stream Editeur, Paola Grieco, sur le blog d’ « Un livre dans ma valise« . Elle parle notamment des différentes collections de cette maison d’édition, de l’historique de Gulf Stream ainsi d’un petit aperçu des publications 2014 ! L’interview se déroule en deux parties, la première ici et la deuxième là.

Sur ce même blog, vous pourrez aussi lire une interview de Béatrice Egémar, auteur jeunesse, et qui déclare « Le travail sur un livre en appelle un autre » (Qu’est-ce que je suis d’accord!)

Hop ! Changeons de genre et partons maintenant vers la romance, pour un évènement qui, je pense, intéressera les Parisien(ne)s et tous ceux qui seront sur la capitale à ce moment. Le blog « Chapitre 32 » organise en effet fin avril une rencontre entre fans de romance et des auteurs francophones, dont entre autres Sophie Jomain (Rebelle/J’ai Lu), Emily Blaine (HQN) et Eléonore Fernaye (Milady). Vous pouvez voir les détails ici.

Enfin, je vais terminer avec cette fois-ci non pas deux sites/blogs, mais bien deux Tumblr – je sais, je suis 100 000 ans en retard, mais que voulez-vous, j’ai découvert récemment cette arme redoutable pour la procrastination ! – d’abord « Je ris, j’écris » qui me fait beaucoup rire et dans les vignettes duquel je me retrouve assez, et ensuite « Laisse tumblr » dont j’adore les références à Star Wars et aux autres fandoms 🙂

Bon dimanche à tous et toutes!

Concours n°2 Outrepasseurs : les résultats !

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Vous avez été très nombreux à participer, un total de 148 participations ! Merci à tous et toutes!

Le tirage au sort a désigné cinq gagnantes (et oui, encore!) et sans plus attendre, voici les noms :

1. Gallae/Letty

2. Fabienne Bernard

3. Séverine P.

4. Maëlle Selsynn

5. Illiane

Bravo ladies! Envoyez-moi au plus vite vos coordonnées postales soit par MP via FB, soit  à cette adresse mail : cindy.van.wilder@gmail.com

Je posterai au plus vite vos colis!

Couvrez ce sein que je ne saurais voir

Une réplique du Tartuffe de Molière, qui m’est venue d’abord en pensant au manque de réalisme sur le plan de la sensualité/sexualité en littérature YA (je vais y venir), ensuite en ce qui concerne l’hypocrisie qui a particulièrement cours ces jours-ci (notamment sur ce sujet) et dont certaines ont beaucoup  mieux parlé que moi (rendez-vous sur ma revue du Web de dimanche dernier si vous n’avez pas encore lu ces articles, que je vous recommande chaudement!).

Je reviens sur le premier sujet cité, à savoir la sensualité/sexualité en YA et le manque parfois criant de réalisme dans les intrigues. En tant que lectrice, c’est un point qui m’a fait grincer des dents. Parce que, soyons clairs, quand vous décrivez une romance entre deux adolescents/jeunes gens, qu’ils connaissent leurs premiers émois amoureux, et que ceux-ci se contentent de se regarder amoureusement les yeux dans les yeux, vous vous dites quand même qu’il y a un souci. Autant verser dans l’extrême contraire – par exemple une orgie toutes les 10 pages – ne me plaira pas plus, autant décrire une passion tout en respectant une bienséance, qui le plus souvent est hypocrite et absolument pas conforme à la réalité, ne me plaît pas plus.

Heureusement, ce tabou a tendance à être oublié & dépassé par plusieurs auteurs YA. Je pense par exemple à Barry Lyga dans sa série I hunt Killers, Carina Rozenfeld avec Phaenix,  Paul Griffin et son poignant Ne t’en va pas, Cruelles de Cat Clarke ou encore La Couleur de l’Aube d’Agnès Marot, prochainement publié aux éditions Armada. Des auteurs qui n’hésitent pas à décrire des passages sensuels, des relations sexuelles entre ados sans pour autant verser dans la guimauve ou l’excès, mais d’une manière juste, sensible, pratique et surtout réaliste. Personnellement, en tant que lectrice, je soutiens tout à fait cette initiative. Cela fait partie des choses que j’aime dans la littérature YA.

Notez que ce phénomène digne de Tartuffe touche également d’autres genres littéraires, comme le New Adult, par ex. ces romans destinés à la tranche d’âge supérieure, à savoir les 18-25 ans. Aussi, quand certains journaux (encore une fois) mal renseignés assimilent ce genre à des romans érotiques, cela me fait doucement rigoler. Même en n’étant pas experte du genre – je n’en ai lu qu’un, le Fangirl de Rainbow Rowell, et ca a été une déception pour ma part – je peux vous dire qu’il était bien plus chaste (et entre jeunes gens d’une vingtaine d’années, comment dire… Non, je n’ai pas trouvé ça crédible!) que bien des romans YA décrivant une romance !

D’ailleurs, c’est un point qui m’est revenu en tant qu’auteur, quand plusieurs lecteurs ont relevé (de manière positive, je tiens à le dire) la sensualité présente dans certains passages du premier tome des « Outrepasseurs ». Marrant comme certaines remarques que vous vous faites en tant que lectrice peuvent vous revenir comme un boomerang quand vous passez de l’autre côté du miroir éditorial ! Bref, effectivement, sans pour autant vous spoiler, la sensualité est présente dans ce premier tome. Et elle sera encore dans les tomes deux et trois. C’est un aspect que j’assume pleinement, comme nombre de plumes que je connais et que j’admire, et je suis très heureuse que mon éditeur m’ait suivi sur ce terrain.

Comme je le disais plus haut, sans verser dans le sexe pour le sexe – personnellement, ca ne m’intéresse pas, j’ai besoin d’émotions, d’implications de la part des personnages, de cette UST (comprenez l’Unresolved Sexual Tension = Tension Sexuelle non résolue, une abbréviation que j’ai appris en lisant des fanfics) – rester au stade « je te prends par la main » ou « je te fais un bisou sur la joue » me met aussi les nerfs en pelote. Parce que je n’ai pas envie de lire des romans à la Tartuffe ou tout simplement, qui n’assument pas cet aspect des choses.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

P.S: N’oubliez pas que vous avez jusqu’à aujourd’hui minuit pour participer au concours n°2 des Outrepasseurs !

Le mardi sur son 31

Un petit mot avant de vous parler du rendez-vous littéraire hebdomadaire de ce blog : avez-vous remarqué le changement de design du blog ? J’ai également remanié les catégories « Bibliographie » et « Revue de presse » en des pages indépendantes pour chacun de mes textes (voir barre d’onglets ci-dessus), j’espère que ça vous plaît! N’hésitez pas à explorer.

Au programme pour ce mardi, un texte qui m’a beaucoup fait rire et qui m’intrigue, vu qu’il s’agit du premier épisode d’une série numérique, publié dans la collection numérique de Bragelonne « Snark »! Il s’agit de « Souvenirs mortels », le premier épisode de « Rêve Oméga » de Jeff Balek.

Hop, la couv’ !

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Quatrième de couverture

Yumington, 2075.

Garibor Coont est un ouvrier disséqueur. Son métier : extraire les organes des morts afin de les préparer à la transplantation. Si son quotidien est banal, ses hobbies le sont bien moins : Coont a la capacité extraordinaire de décoder les mémoires d’Heisenberg, les implants mentaux dont est équipé l’essentiel de la population de Yumington. Un don qui va attirer l’attention de l’Organisation, une société secrète dont l’objectif est de résoudre des crimes aussi technologiques que mystérieux.

Sous la contrainte, Coont devra enquêter sur la propagation d’un virus mental et mortel qui dévore les souvenirs de ses victimes. Et ce qu’il apprendra l’amènera à remettre en cause sa propre identité.

Et au lieu d’une phrase, vous aurez droit à deux extraits (je sais, je vous gâte!)

[…]
— Smith. John Smith.
— Vous aussi ?
— Nous nous appelons tous John Smith. D’ailleurs vous vous appelez désormais vous aussi John Smith.
— Une grande famille, hein ? Et si je veux appeler l’un d’entre vous, je fais comment pour vous ne rappliquiez pas tous ?
John Smith regarde John Smith, le sourcil droit haussé, l’air surpris. […]

[…] En attendant qu’un des Smith prépare ma connexion, je consulte le dossier de la femme à la cervelle toastée, Virginia Woolf.
— Virginia WOOLF ?
— Un homonyme, j’imagine, ou une mauvaise blague de ses parents, marmonne Smith 2. […]

Vous comprenez mieux pourquoi j’ai pas mal ri tout au long de cet épisode !

Et la chronique (auparavant postée sur le forum du Boudoir Ecarlate)

Attention, voici le premier épisode d’une série numérique, joliment déjanté et mené tambour battant ! Nous sommes à Yumington, une ville-univers évoluant sur plusieurs niveaux, située dans un avenir proche. Pas de panique cependant si vous redoutez trop de jargon SF : non seulement l’immersion dans ce monde est très aisée, ne serait-ce que par la construction de ce premier épisode, où des mémos, publicités en tout genre nous familiarisent avec ces nouvelles caractéristiques, mais aussi parce que le récit de Garibor Coont, personnage principal de cet épisode, nous entraîne tout de suite, avec sa gouaille et son humour. Personnellement, l’ambiance de Souvenirs mortels, sous son vernis technologique, m’a fait penser à plus d’une reprise aux polars noirs des années 50-60, avec son lot d’action et de réflexions piquantes !

Garibor Coont travaille donc comme disséqueur dans une usine de tri de cadavres, une activité fort lucrative au sein de Yumington. De manière tout à fait frauduleuse, il récupère les implants dissimulés dans le cerveau des défunts. Appelés Mémoires d’Heidelberg, ils permettent à Garibor de savourer des souvenirs qui ne lui appartiennent bien sûr pas. Tout roule donc pour lui, entre son travail, ses petites fraudes mémorielles, les frasques de son colocataire, surnommé « Churros »  – je vous laisse le loisir de découvrir pourquoi ! – spécialiste en plans foireux. Jusqu’au jour où le « talent » de Garibor est repéré par l’Organisation et qu’il est recruté, sous la menace du chantage, par John Smith.

La mission de Garibor au sein de cette mystérieuse Organisation ? Repérer la cause qui a plongé une dizaine de personnes dans le coma. De plongée mémorielle en traque dans les bas-fonds de Yumington, en passant par une recherche de colocataire, on peut dire que Garibor n’est pas au bout de ses surprises !

Ce premier épisode est frais, punchy et dégage un parfum de thriller très agréable. Il introduit bien les personnages, au sujet desquels on a hâte d’en savoir plus, et si les enjeux restent mystérieux, on peut déjà deviner certains thèmes majeurs de cette série. Ajoutez à cela la voix sarcastique, les échanges aussi frais que piquants entre Garibor et les John Smith de l’Organisation, et vous obtenez un épisode très réussi. Vivement la suite !

Revue du Web n°16 – semaine du 10 février

Nouvelle revue du Web dont vous connaissez le principe, à savoir que je mentionne ici les articles voguant sur la Toile qui m’ont le plus intéressé/intrigué durant cette semaine !

On va commencer par une série d’articles qui m’ont beaucoup touché cette semaine, sans doute d’une part, parce que les auteurs (au féminin) qui les ont écrit sont de belles plumes, en plus d’être de belles personnes, et d’autre part, parce que cela me concerne en tant qu’écrivain, lectrice et femme. Parce qu’il y a encore trop de préjugés en ce qui concerne les femmes qui lisent et que lorsqu’on se met à parler de « bienséance » pour la littérature, on voit que le mot « censure » n’est jamais très loin.

Premier article, celle de Silène Edgar – si vous lisez ce blog, vous savez à quel point je l’admire en tant qu’écrivain et personne – sur les femmes qui lisent sont dangereuses, en réponse à un article consternant de bêtise sur le lectorat féminin.

Le second article, toujours de Silène Edgar, sur cette fois-ci la polémique suscitée par les propos d’un officiel, qui aurait mieux fait de se taire, et qui a engendré un tollé parmi les auteurs et acteurs du monde de la littérature jeunesse. Le titre est plus que parlant.

Le troisième provient de Charlotte Bousquet, auteur qui navigue avec une aisance incroyable entre lectorat adulte et plus jeune et dont j’aime beaucoup la plume. Je ne peux qu’être entièrement d’accord avec son affirmation :

En tant qu’auteure, je ne compte pas non plus me censurer. 

Il a aussi le mérite de remettre les pendules à l’heure sur la « question » du genre.

Le quatrième est davantage un témoignage, un appel à la tolérance et à l’acceptation, un billet qui m’a énormément ému. C’est celui de Célia Deiana, amie et écrivain aussi, et dont j’espère voir prochainement le nom sur une couverture de roman! Si vous ne connaissez pas encore ce blog « Comment tu t’habilles? », n’hésitez pas, foncez!

Enfin, un cinquième d’un blog que j’adore feuilleter et dont les articles ne cessent jamais de me poser question, c’est celui de Flora « Une page s’ouvre« . Et si cet article date un peu, son sujet, quant à lui, est plus que jamais d’actualité !

Je vais terminer cette revue sur un sujet plus léger, puisqu’apparemment, c’est la saison des concours!

Sans parler du mien – qui se termine tout de même la semaine prochaine, ne tardez pas! – en voici un autre, qui me touche de près, vu qu’il vous permet de gagner cinq exemplaires des Outrepasseurs ! Il se déroule sur le site Actu YA et est valide jusqu’au début du mois de mars.

Un autre concours à signaler, c’est celui se déroulant sur la page des Els, une saga (encore non publiée à ce jour) YA & romance que j’ai découverte depuis peu, via son auteur, Miss H. Roy ! De très jolis lots sont à gagner sur la page aux couleurs de cette saga, donc rendez-vous sur sa page Facebook!

On enchaîne avec un troisième concours sur le site des éditions Griffe d’Encre, celui-là, à l’occasion de la prochaine sortie du tome 2 de la saga « Chroniques des Stryges » de Li-Cam. J’avais beaucoup aimé le premier tome, un récit vampirique dont l’originalité m’avait séduite. La sortie de ce tome 2, intitulé « Insangerat », va me permettre de le relire !

Et finalement, un quatrième concours sur la page Facebook de l’auteur Caroline Vermalle, dont j’ai énormément apprécié le thriller YA « Sixtine » sorti dans la collection Black Moon. Là aussi, munissez-vous de votre appareil photo !

Rendez-vous la semaine prochaine pour d’autres aventures…

Concours Outrepasseurs n°2

Avant de vous présenter ce deuxième concours, un petit bilan. Car voici déjà une semaine que les Outrepasseurs ont fait leur entrée en librairie et sur les plateformes de vente…

Je tiens d’ailleurs à remercier tous ceux qui m’ont transmis des photos, des infos, qui ont partagé les annonces sur les réseaux sociaux, bref qui ont contribué à me donner le sourire en ce 6 février. Vous êtes géniaux!

merci

Quelques petites nouvelles en passant, dont cette bande-annonce, qui vous livrera quelques images supplémentaires de la soirée de lancement dont je parlais dans cet article.

Enjoy !

Et toujours concernant cette soirée, vous pouvez aussi lire les reportages d’Onirik, d’Elbakin et d’ActuSF ! Merci aux reporters présents.

Si vous voulez en savoir sur ce que je fais en ce moment, vous pouvez aussi consulter la très complète interview menée par l’équipe de Khimaira, qui m’a également fait le plaisir de chroniquer le premier tome des Outrepasseurs ici.

Finalement, une nouvelle qui m’aura donné beaucoup d’émotion, c’est le coup de coeur jeunesse et jeunes adultes sur le site de la FNAC ! Merci à Virginie pour la capture d’écran.

cadre_fnac

Passons donc à l’objectif principal de cet article, à savoir le concours ! Je vous ai livrés quelques photos-teasers tout au long de cette semaine, comme celle-ci :

Created with Nokia Smart Cam

Et à la question « Que contient ce paquet ? », la bonne réponse était…

marque-pages-outrepasseurs

Merci à ma chère Agnès pour cette jolie affiche!

En détail...

En détail…

Cinq très jolis marque-pages à l’effigie des Outrepasseurs ! De quoi bien accompagner votre lecture, n’est-ce pas ?

Un grand merci à leur créatrice, Les Fariboles de Caroline ! (vous pouvez aussi visiter sa page FB )

Pour participer, rien de plus simple! Il suffit de répondre à la question suivante:

« Quelle est l’oeuvre littéraire d’un auteur francophone qui vous a le plus marqué ? »

Toute époque, tout genre, etc est bienvenu!

Vous pouvez répondre ici ou sur ma page Facebook, à votre libre convenance. Le concours est ouvert à tous. Un seul commentaire par participant sera  accepté.  Vous avez jusqu’au 20 février à minuit pour participer. Les gagnants seront tirés au sort et prévenus le 21 ici et sur FB.

Bonne chance à tous et toutes!

Le mardi sur son 31

Après avoir relevé vaillamment un challenge  la semaine dernière, revenons-donc à nos moutons !

Aujourd’hui, c’est un livre qui m’a secoué, qui m’a brisé le coeur, qui m’a fait fondre aussi que je vous présente. Et s’il n’est pas passé loin du coup de coeur – je sais, paradoxal avec la présentation que je viens de vous en faire, mais que voulez-vous, le coeur a ses raisons…- je me souviendrai encore longtemps de cette famille anglaise d’Helen Walsh, aux éditions J’ai Lu.

famille-anglaise

La phrase du jour :

Parfois, l’été, le soleil couchant s’y reflétait, tel un incendie ravageur, évoquant les grandes tours de verre de Kuala Lumpur qui ondulaient comme une armée de vaisseaux spatiaux dans la brume de la mi-journée.

Le quatrième de couverture :

Par la nuit la plus froide de 1975, un jeune homme à la flamboyante tignasse rousse parcourt à toute allure les rues enneigées d’un quartier résidentiel de Warrington. Son nom est Robbie Fitzgerald, et il court pour sauver sa vie – et celle de sa famille.

Dans cette ville rigide du nord de l’Angleterre, il a épousé Susheela, la belle infirmière qui a recousu ses blessures. Pour Robbie, sa femme est une princesse tamoule, mais dans la vie de tous les jours, les Fitzgerald doivent aussi faire face à l’intolérance, à la pauvreté, et à la haine de leurs voisins.

Helen Walsh retrace deux décennies de lutte, d’espoirs et de triomphes avec un talent éblouissant pour chroniquer nos semblables. Avec les Fitzgerald, elle donne vie à une famille qui restera dans le coeur du lecteur bien après avoir refermé le livre.

Mon avis :

(Chronique d’abord postée sur le forum du Boudoir Ecarlate)

Nous sommes à Warrington, bourgade située aux environs de Liverpool, en plein hiver et au beau milieu des seventies. Robert Fitzgerald, dit « Robbie », court à perdre haleine dans les rues de la ville. Chanteur à la voix d’ange, jeune époux et papa, il ne cesse de courtiser la chance dans les salles de concert et autres pubs. Va-t-elle lui sourire enfin ? Warrington toujours, mais à l’intérieur d’un appartement bon marché. Susheela, l’épouse de Robbie, d’origine malaise et presque à terme de sa grossesse, veille sur le sommeil de son jeune fils. Elle s’inquiète du retour de son mari. Va-t-il enfin rentrer ? Reviendra-t-il auprès d’elle ou s’évanouira-t-il dans la nature, à la recherche de la gloire ? Cette nuit marque la fin d’un conte de fées – d’ailleurs, remarque à ce sujet, je trouve que le titre en VO Once upon a time in England « Il était une fois en Angleterre » est beaucoup plus parlant – et la séparation irrépressible entre deux êtres, qu’un grand amour liait pourtant.

Que dire de ce roman-fleuve, cette chronique incisive, vive et parfois crue d’une Angleterre en pleine mutation sociale et économique ? Helen Walsh nous livre, au travers d’une famille mixte, de la description de ses espoirs et de ses désillusions, le portrait d’une société parfois junkie, parfois désespérée, hésitant entre modernité et attachement aux traditions. C’est une œuvre forte, qui prend aux tripes, où un certain humour noir se teinte parfois de tendresse envers les personnages, mais qui demeure féroce et sans concessions dans ses descriptions. Telles celles de Robbie, le chanteur, qui ne parvient plus à faire face à la dure réalité, et qui cherche par tous les moyens à s’évader de son quotidien. Ou encore Susheela, qui deviendra « Sheila », avec sa soif débordante d’intégration dans sa banlieue anglaise, où les insultes comme « paki » et « kebab » sont monnaie courante.

Ce livre, c’est aussi un appel vibrant à la tolérance, un rejet des racismes de tous bords, qui entachent l’âme et endurcissent les cœurs les plus vaillants. Que ce soit la couleur de peau, les préférences sexuelles ou encore les goûts de musique, chacun des personnages mis en scène par l’auteur poursuit la lutte, parfois vaine, pour s’en sortir et gagner le droit à une vie libre. Ce qui ne se fait pas sans douleur, ni déchirement. Car autant vous le dire, la violence est un fil rouge de ce livre, qui s’ouvre d’ailleurs sur une scène assez trash. Néanmoins, pas de voyeurisme ni de complaisance et l’on comprend plus tard toute la portée de cette agression. Les âmes sensibles sont prévenues ! Je dois dire que le parcours qui m’a le plus ému, le plus touché également, c’est celui de Vincent, le premier enfant du couple. Souffre-douleur de ses camarades à l’école, retranché dans ses livres, il démontre pourtant une grande force et une volonté de s’en sortir, coûte que coûte. Il m’a semblé que l’auteur se faisait plus tendre, plus douce également quand elle empruntait son point de vue, sans doute parce qu’en tant qu’auteur, on se sent proche de ce personnage attachant. Qui devient rapidement poignant, d’ailleurs : même si la caractérisation de Vincent n’échappe pas à certains clichés, par son talent de plume, par sa fragilité aussi, sa recherche de l’absolu, il nous devient très proche.

Autant vous le dire aussi, ce livre a fini par me briser le cœur. Un livre dur et âpre par certains côtés, mais doté d’un souffle épique impossible à nier. Même les personnages qui ne m’avaient guère touchée jusque là ont remporté mon adhésion lors d’un final déchirant, où pourtant l’espoir subsiste. Ce roman symbolise une lumière fragile dans les ténèbres d’une époque, qui a marqué de son empreinte bon nombre de nos acquis actuels.

Revue du Web n°15 – semaine du 3 février

Nouvelle revue du Web dont vous connaissez le principe, à savoir que je mentionne ici les articles voguant sur la Toile qui m’ont le plus intéressé/intrigué durant cette semaine !

On commence par un article très intéressant, qui parle du « personnage » de la fangirl et des préjugés qui ont cours à son sujet.

Morceaux choisis:

« Le problème, c’est que l’idée que des femmes entre elles puissent prendre en main des personnages fictifs et les utiliser dans des œuvres transformatives, et surtout dans des œuvres à caractère érotique, est une pilule apparemment difficile à avaler pour certains. Est-ce parce que cela va l’encontre de l’image bien lisse de la sexualité féminine que la société nous impose ? La femme indépendante et entreprenante fait-elle encore peur ? »

 « Le problème, c’est qu’on ne parle JAMAIS de fanarts magnifiques qui vous laissent muets d’admiration et de fanfics excellentes qui vous scotchent à votre iPad pendant des heures. On parle TOUJOURS de ce qu’il y a de plus explicite, de plus ridicule et de plus choquant. »

Laissez-moi vous dire que je suis entièrement d’accord à ce sujet. Je n’ai jamais écrit de fanfic, mais j’en ai lu et je peux vous dire que certaines sont de véritables oeuvres d’art et m’ont parfois valu bien plus d’émotions que l’oeuvre originale (Yeah, JK Rowling, I’m looking at you ! )

A lire!

On continue avec cet article de Miss Earane, complice de plume comme de belgitude, et dont je suis très heureuse d’annoncer que son roman sera prochainement publié ! Ma chère filleule littéraire, encore toutes mes félicitations à ce sujet. Et si vous voulez savoir ce que ça fait d’obtenir un « oui » d’un éditeur quand vous lui soumettez votre bébé, lisez ceci. Emotions garanties!

Si vous lisez mon blog régulièrement, vous m’avez déjà entendu parler d’Agnès Marot, auteur, plume prometteuse et personne formidable. C’est également une buveuse de thé invétérée – dans ce domaine-là, je ne lui arrive pas à la cheville – et forte de cette passion, elle vous propose un rendez-vous littéraire pas comme les autres ! A découvrir en feuilletant cette rubrique. Et si vous y allez, n’oubliez pas de lui souhaiter un joyeux blogoversaire !

Enfin, on finit cette revue du Web par une initiative très sympathique, qui concerne, pour son premier numéro, une bloggeuse dont j’adore lire les chroniques (je peux honnêtement dire que certains de ses billets m’ont fait rire aux larmes) (surtout en ce qui concerne certaines métaphores) (tu as vu, Cess, toutes ces jolies parenthèses ?) Donc, si l’usage des parenthèses ne vous avait pas encore mis sur la piste, c’est donc Cécile des Lectures de Cécile qui se retrouve sur la sellette de Moody Take a Book, autre blog dont j’aime découvrir les billets!

A bientôt pour un prochain numéro !