Au lieu d’une sempiternelle chronique de bouquins lus, je préfère aujourd’hui vous parler d’une auteur dont je viens de finir le dernier roman et qui a été un coup de coeur en tous points ! De plus, comme j’ai lu tous ses romans publiés jusqu’à présent, au nombre de trois, je me suis dit que vous en parler dans un seul et même article vous donnerait sans doute davantage envie (mais non, je ne cherche absolument pas à faire augmenter votre wish-list… Ne me regardez pas ainsi ! )
Avant toute chose, malheureusement, je dois vous avertir qu’aucun de ses romans ne me semble dispo en VF… J’espère bien évidemment que ça va changer prochainement !
Il s’agit donc de l’auteur britannique Holly Bourne, qui travaille également comme journaliste pour un site destiné aux 16-25 ans, TheSite.org.

Son premier roman est intitulé Soulmates et ce n’est pas une grande surprise si je vous dis que ce titre, combiné à une couverture sobre, mais accrocheuse, m’a tout de suite intrigué…

4e de couv‘
SOULMATES is a contemporary YA love story / thriller about a cynical 17-year-old called Poppy who falls in love with a guitarist, Noah. Every so often two people are born who are the perfect matches for each other. Soulmates. But the repercussions of soulmates getting together are huge and, unbeknown to Poppy and Noah, they are being watched by a secret international agency responsible for separating them.
Poppy and Noah will soon have to decide whether to stay together and potentially end the world, or live without love for the rest of their lives.
Autant le dire tout de suite, je n’ai accroché qu’à moitié à ce roman. Les personnages avaient beau être intrigants, le livre très bien écrit, moi et les romances, surtout quand elles provoquent des catastrophes (et ce littéralement), on n’accroche pas. C’est un parti pris de l’auteur que je respecte absolument, mais je ne peux pas dire que Soulmates m’ait laissé un grand souvenir.
Néanmoins, il a retenu assez mon attention pour que je retienne le nom de l’auteur – je la suis sur Twitter aussi, bien plus facile quand on veut se tenir au courant de l’actu – et quand elle a sorti son deuxième bouquin, au titre plus qu’évocateur, je me suis dit que c’était l’occasion de voir si le courant, cette fois-ci, allait passer davantage entre moi et ce roman.
Et… BINGO !

4e de couv’
Apparently I’m boring. A nobody. I don’t embrace life. But that’s all about to change. Because I am starting a project. Here. Now. For myself. And if you want to come along for the ride then you’re very welcome.
Bree is by no means popular. Most of the time, she hates her life, her school, her never-there parents. So she writes.
But when Bree is told she needs to stop shutting the world out and start living a life worth writing about, The Manifesto on How to be Interesting is born.
Six steps on how to be interesting. How to be someone people want to read about. Six steps that will change everything. But, the question is, at what cost?
C’est peu de dire que j’ai adoré The Manifesto on How to be Interesting , je l’ai carrément dévoré de bout en bout, tant j’ai été happée par la voix de Bree, cette jeune fille qui passe pour la loser de sa classe avec son embonpoint, son sens de la mode pour le moins particulier et son ambition d’être écrivain. C’est celle-ci qui va être à l’origine de sa transformation, car, alors qu’elle essuie refus sur refus pour son deuxième roman, elle décide de changer drastiquement, afin d’écrire ce manifeste, décrivant 6 étapes pour devenir intéressante. Mais à quel prix ?
On pourrait croire, sur base de ce résumé, que ce roman ne change pas de dizaines déjà publiés. Sauf que vous auriez tort, car le personnage de Bree, sa voix sont croqués avec tellement de réalisme et de justesse que vous ne pouvez pas faire autrement que de vous laisser embarquer dans sa quête de soi. J’ai vraiment été touchée par ce portrait d’une incroyable sensibilité, avec une bonne dose d’humour so British, et qui, chez moi, a totalement fonctionné.
Cerise sur le gâteau, l’auteur abordes des thèmes importants et sensibles : le slut/fat-shaming, le sentiment de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir s’intégrer, de ne pas trouver sa place… Autant de sentiments qui ne sont pas exclusivement réservés aux ados, d’ailleurs !
Après ce coup de coeur, il va de soi que je ne pouvais que me jeter sur le dernier publié en date, lui aussi doté d’un titre plus qu’évocateur, et de la couv’ qui va bien ! Jugez-en par vous-même :

4e de couv’
Evie’s normal-at-16 checklist:
College
Friends who won’t dump you
Parties? Fun?
A boyfriend?
All Evie wants is to be normal. And now that she’s almost off her meds and at a new college where no one knows her as the-girl-who-went-nuts, there’s only one thing left to tick off her list…
But relationships are messy. They can make any girl feel like they’re going mad. And if Evie won’t tell new friends Amber and Lottie the truth about herself, how can they stop her making a huge mistake?
Et que puis-je dire, sinon que ca a été une super lecture ? (Et il me fallait bien ça après ma dernière déception, aka Paper Towns !) Je me suis tout de suite attachée à Evie, une jeune fille souffrant de TOCs et comme elle le dit elle-même, vexée d’avoir les TOCs les plus « usuels », comme celui de se laver les mains à trois reprises – au moins – de devoir toucher autant de fois les lampadaires quand elle se rend au lycée, etc.
Vous trouvez ça drôle ? Sans doute parce que les TOCs ont souvent été utilisés comme ressorts comiques dans les séries/films, etc.
L’auteur a parfaitement réussi à faire éclater les clichés et nous livrer une réalité beaucoup moins drôle, par ex. quand les mains d’Evie saignent à force d’avoir été nettoyées, récurées, décapées au savon et autres produits. Quand ses « bad thoughts » – pensées négatives – inondent tant son esprit qu’elle ne parvient plus à les repousser. Quand sa peur panique des germes et bactéries la prive de tout contact physique, même avec ses proches. L’auteur livre une fantastique description de ce que vivre avec un TOC veut dire, bien loin des clichés et des stéréotypes.
Car Evie se bat pour ce qu’elle appelle « être normale ». Aller au lycée sans penser qu’elle va obligatoirement tomber malade. Tomber amoureuse. Embrasser le bad boy pour lequel elle ne devrait pas avoir de sentiments, mais qui est tellement craquant… Et c’est là qu’intervient un des atouts majeurs du roman, à savoir quand l’auteur évoque le féminisme.
Sans que ce soit une notion qu’on évoque deux minutes, au hasard d’une conversation, avant de l’enterrer dans les oubliettes parce que c’est bien connu, personne et surtout pas les jeunes filles ne veut entendre parler de féminisme – comme s’il s’agissait d’un gros mot – ou nous livrer un cours magistral, l’auteur réussit à parler du test de Bechdel ou encore des pubs pour les protections périodiques – et ce de manière à la fois drôle, décomplexée et tout à fait juste.
C’est un domaine qu’Evie aborde avec ses deux amies, Lottie et Amber et franchement, leur relation à toutes trois est magnifiquement bien abordée, chacune avec ses soucis, ses rêves et ses ambitions, mais toujours liées entre elles par leur amitié, qui est une force presque palpable à travers ce bouquin. Personnellement, j’ai un faible pour Amber, sans doute parce que je partage avec elles les cheveux roux, la taille et, quand j’étais ado, ce sentiment d’être hors-norme. Aussi, quand j’ai appris à la fin de ce roman qu’il constituait la première partie d’une trilogie où chacune explorerait son parcours, j’étais aux anges.
Et comme le dit si bien l’auteur en guise de mot de la fin :
Let’s kick some patriarcal ass !
Bref, si vous ne l’avez pas encore compris, Holly Bourne a une patte bien à elle, une voix qu’il faut découvrir, avec des romans à mettre entre toutes les mains… Personnellement, je sais que je serai au rendez-vous pour ses prochains livres !!