Le retour de l’interview – avec cette fois-ci, Célia Deiana, super-héroïne au quotidien, amie de plume avec laquelle je partage de nombreux points communs, dont notamment le goût pour la diversité !
Hello Célia, et merci d’avoir accepté cette interview !
Bonjour Cindy ! En tant que fan de ce blog, tout le plaisir est pour moi.
En quelques mots/phrases, peux-tu te présenter ?
Célia Deiana – mon vrai nom civil, ce qui étonne souvent –, trente-sept ans dont presque vingt dans l’écriture. J’ai le profil d’une auteure célibataire un peu folle entourée de bouquins mais mon originalité c’est que je n’ai pas de chat !
Comment décrirais-tu ton parcours en écriture ?
J’ai commencé à écrire au lycée, sans vraiment m’interroger sur ce que je pouvais faire de ces textes. Puis internet est arrivé, j’ai commencé à m’intégrer à des communautés de fanfics tout en publiant ma première nouvelle dans feu Le Calepin Jaune (une histoire de vampires, je venais de tomber dans la marmite d’Anne Rice à l’époque). Et puis quelques années plus tard, j’ai donné à lire un texte original à des amies qui ne connaissaient que mes fanfics. Ca a fonctionné et m’a poussée à écrire d’autres petites histoires. J’ai participé à mes premiers AT (chez Hydromel) et j’ai voulu présenter mon premier manuscrit de SF écrit pendant un NaNoWriMo. Un éditeur m’a dirigé vers CoCyclics où j’ai vraiment pu construire mon profil d’auteure, le professionnaliser un peu. Depuis j’ai publié encore plusieurs nouvelles (chez Hydromel, Griffe d’Encre, Céléphaïs) et j’ai trois romans en attente, en recherche d’éditeur ou en correction.
Je sais que tu as déjà à ton actif plusieurs animations au profit d’Amnesty International, que t’apporte cet engagement, aussi bien dans la vie de tous les jours qu’en tant que créatrice ?
Mon action à Amnesty International ne fait que concrétiser ce que je savais déjà, mais l’a forgé de façon plus évidente. J’ai une éducation plutôt de gauche et je suis de la génération « humanitaire », mais sans jamais avoir milité. J’ai choisi Amnesty pour le respect des textes. C’est un choix moins glamour et « actif » que d’autres ONG, mais j’aime les mots, et ils sont importants. Or si un texte universel affirme, haut et fort, que tous les êtres humains sont libres et égaux en droit, alors il faut le défendre coûte que coûte. Il n’y a pas de « mais » qui vaille.
S’informer sur ce qu’il se passe hors de chez moi et en documenter les autres ensuite me paraît être une action aussi importante que d’aller faire un sitting devant le siège du consulat d’un pays totalitaire ou d’une entreprise internationale. Et pour cela il faut choisir les bon mots et faire attention à la façon dont on présente les choses, s’en tenir à une caractère purement informatif pour ne pas silencier les populations que l’on défend. En tant que militante, je peux informer le public, par exemple, sur la situation de l’excision dans certains pays d’Afrique ou sur les conséquences de la catastrophe de Bhopal, mais pour ce qui est du ressenti, de l’expérience, c’est aux témoins et aux personnes que nous défendons que nous laissons la parole.
C’est la même chose que m’apprend aujourd’hui le féminisme intersectionnel*. Je peux apprendre, je peux m’exprimer selon ma propre expérience, mais je ne peux pas prendre la parole des autres.
L’écriture fonctionne quasi de manière inverse. Déjà, j’utilise l’imaginaire et non la réalité, même si je m’en inspire fortement. Ensuite, si je suis informée sur ce que pourraient vivre mes personnages dans notre monde et notre société, je n’hésite pas à leur donner une voix qui me reste personnelle, sans réelle limite, parce que la fiction me donne cette liberté.
D’où le fait que je m’intéresse beaucoup à la diversité en littérature. Une diversité que je retrouve beaucoup en fanfics et que je commence à découvrir dans la littérature internationale. Je suis une grande fan de Cosmopolitaine, une émission radio de France Inter qui parle exclusivement de production cinématographique et littéraire étrangère, et de ce blog, qui m’a fait découvrir quelques beaux auteurs anglo-saxons dits « de la diversité ».
Justement, en parlant création, tu ne te limites pas à celle des mots, tu touches à divers domaines comme celui de la couture, par exemple (admiration totale de ma part, vu que je suis une quiche là-dedans !) Comment trouves-tu ton inspiration ?
La couture et le bricolage me détendent ! Autant je pense construire des personnages complexes, autant je cherche à comprendre des situations qui le sont encore plus, autant, en bricolage, plus c’est simple, mieux c’est ! Je trouve mon inspiration sur les sites de bricolage, chez certains artistes, dans les boutiques de décoration. Ensuite je mets tout à mon goût. C’est souvent très kitsch, très kawaii et cute, bref, tout le contraire de ce que j’écris. Je me dis qu’on vit dans un monde si noir, et qu’on peut avoir des pensées encore plus noires, autant tout recouvrir de couleurs et d’animaux tout mignon. Ca ne résout pas les problèmes, mais au moins ça fait sourire, et c’est souvent ce qui peut sauver une journée. 🙂
Le mot de la fin ?
J’invite les lecteurs de ce blog à suivre tes conseils de lecture aveuglément ! Je les invite aussi à ne pas se laisser déborder par tout ce qu’il faudrait faire pour rendre le monde un peu plus supportable. Commencez juste par un bout, celui qui vous plaît le plus (aider un voisin, militer pour une meilleure éducation sexuelle en collège, planter des légumes, passer une heure par semaine dans un centre d’accueil LGBTQ, aller jouer aux dames avec les petits vieux du centre culturel voisin, écrire, écrire et encore écrire) Ou, tout simplement, prenez soin de vous, et le monde s’en tiendra mieux.
* Wikipedia : L’intersectionnalité (de l’anglais intersectionality) est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société.
De base, quand on pense féminisme, on pense aux Femens et/ou à un féminisme bobo, blanc, hétéro. Or, l’intersectionnalité cherche à définir un féminisme vu également du point de vue d’autres minorités, essentiellement en matière de religion (féminisme musulman, oui il existe des féministes qui portent de voile), d’origine ethnique (oui il existe un féminisme noir), d’orientation sexuelle (féminisme lesbien, entre autre), et de genre (féminisme transexuel et transgenre).
Où retrouver Célia ?