Vos questions sur l’écriture et le métier d’auteur : premier round !

Il y a quelque temps, je vous avais proposé de me poser toutes les questions qui vous sont déjà passées par la tête concernant l’écriture & le métier d’auteur. Vous avez été nombreux à me transmettre vos interrogations, j’ai donc procédé à un tirage au sort pour cette première session de questions/réponses 😉 Si votre question n’y est pas, ne vous en faites pas, elle sera mentionnée dans une prochaine session.

Petite précision avant de commencer : il va de soi que ces réponses n’engagent que moi 😉 Je me garderais bien de parler pour les autres !

  • Comment canaliser le trop grand enthousiasme de Muse ?

La bonne question ! Si vous ne connaissez pas Muse, petite présentation : c’est comme ça que je nomme cette petite voix qui vous souffle des idées d’histoires – le plus souvent au plus mauvais moment, quand vous êtes occupés à autre chose/il est trois heures du mat’ et vous êtes forcés de vous lever pour noter ce qu’elle vient de vous murmurer à l’oreille (ne rigolez pas, c’est déjà arrivé !) – bref la Muse sans l’aura qu’elle inspirait aux anciens Grecs et que je me représente souvent – allez savoir pourquoi… – sous les traits de mon chat.

Si Muse peut vous être d’un grand service, elle peut aussi pas mal vous embrouiller le cerveau en vous soufflant plusieurs idées à la suite ! C’est ce que j’appelle le syndrôme de la page noire, où vous vous retrouvez avec tant d’ébauches d’intrigues que vous finissez par ne plus vous en sortir. Donc, comment « sélectionner » une idée et la développer ?

Je vais peut-être vous décevoir, mais il n’existe pas de méthode certifiée et garantie. Chaque auteur a sa propre méthode pour ce faire. Depuis ceux qui planifient en détail chaque scène de leur roman jusqu’à ceux qui se lancent sans garde-fou (ou presque) dans la bataille… C’est quelque chose qui se construit au fur et à mesure de l’écriture.

Néanmoins, il existe plusieurs « pistes » que vous pouvez tester pour voir si oui ou non, elles vous conviennent dans le développement de votre histoire. Voici un petit aperçu non exhaustif !

* La méthode des flocons : En VO, The Snowflake Method. En dix étapes, l’auteur vous invite à développer peu à peu votre intrigue, en commençant par une phrase décrivant les principaux enjeux, puis en passant par un paragraphe et enfin un synopsis complet, grâce auquel il ne vous « reste » plus qu’à écrire ensuite le bouquin.

Pour les anglophones, voici le lien 

Pour les autres, je vous invite à découvrir le merveilleux site d’Espaces Comprises, qui parle justement de cette méthode dans une série d’articles.

* Les guides sur l’écriture : Et ils sont nombreux à s’être penchés sur le sujet, depuis Orson Scott Card – Comment écrire de la fantasy et de la science-fiction en passant par Chris Baty, le fondateur du NaNoWriMo et son bouquin No Plot? No Problem! qu’on pourrait traduire par Pas d’intrigue ? Pas de souci ! ou encore John Truby, éminent scénariste et son guide The Anatomy of Story (pour les non anglophones, rassurez-vous, la VF existe !)

Sont-ils utiles, me direz-vous ? Je vais parler du seul guide que j’ai lu, à savoir celui de Truby. Il développe une méthode assez précise pour canaliser votre intrigue, en se basant sur les motivations du personnage principal et le conflit majeur qui va dominer votre histoire. Ce qui est intéressant chez lui, c’est qu’il vous invite à penser non pas au début du roman, ce qui peut présenter un obstacle, mais bien à la fin, au point culminant de votre histoire, au retournement de situation. Et de là, à explorer toutes les possibilités pour vos personnages. Une lecture instructive !

* Les ressources gratuites : Hé oui, elles existent ! Et en français 😉 J’ai déjà parlé de l’excellent site d’Espaces Comprises, voici un petit guide élaboré par une de mes chères amies de plume et de coeur, j’ai nommé Lise Syven et les Aventures de Robert (en téléchargement gratuit ici ).  Elle vous offre sa propre vision du travail d’auteur et de l’écriture, avec exemples pratiques à la clef !

Enfin, vous ai-je déjà parlé du forum CoCyclics, pour les amoureux de l’imaginaire ? Et de son association, Tremplins de l’Imaginaire, qui vous offre entre autres choses la possibilité de participer à des conférences & autres master class à destination des auteurs ?

Comme je le disais ci-dessus, les ressources que je cite ici sont loin d’être exhaustives, si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à les indiquer en commentaire !

Sachez enfin que toutes ces ressources, pour utiles qu’elles soient, ne sont EN RIEN obligatoires. Vous n’êtes pas forcés de lire et/ou d’appliquer ces méthodes avant de vous lancer dans l’écriture. Il n’existe pas de recette toute faite qui vous donnera les clefs de l’écriture, ce qui est une liberté, mais qui peut aussi effrayer quand on veut taquiner la plume. Donc, n’ayez pas de complexes si vous n’avez pas lu ce que je viens de citer ou si vous vous y prenez autrement !

Et pour ma part, me direz-vous, comment fais-je pour canaliser l’enthousiasme débordant de ma Muse ? A vrai dire, je n’ai pas de recette à appliquer. En bonne rebelle – ou bordélique, c’est selon – je n’ai jamais trouvé mon compte dans les méthodes exposées ci-dessus, même si celles-ci sont très intéressantes d’un point de vue général. La question qui me vient tout de suite en tête, c’est : qu’ai-je le plus envie d’écrire ? Et comme les personnages me viennent souvent en premier lieu, je compte sur eux pour me raconter leur histoire, leurs doutes, leurs espoirs, ce qu’ils ont besoin d’exprimer.

Pour la suite, le plus souvent, je n’élabore aucun plan, aucun portrait de personnage – j’avoue que rien que l’idée de rédiger ces docs me fait passer l’envie d’écrire… – et je me lance dans l’aventure. Ce qui a ses avantages – l’exaltation du début, quand les idées fusent et que vous vous retrouvez dans des situations que vous n’aurez jamais imaginées – mais aussi ses inconvénients – quand je me fourvoie, je me perds dans un détour et que je dois revenir en arrière, recanaliser Muse, ce qui entraîne toujours de la réécriture !

La meilleure suggestion que je puisse vous faire dans ce cas, c’est de vous lancer. D’expérimenter aussi. Soyez curieux, n’hésitez pas à vous mettre en danger, l’écriture sert aussi à ça !

  • Je me demandais par rapport au métier d’auteur, si on était directement considéré comme indépendant une fois publié ou s’il y avait plusieurs statuts ? J’ai entendu tout et n’importe quoi sur le sujet.

Une question hyper pratique & très intéressante 🙂 Là aussi, je ne vais parler que de ma propre situation, qui n’est pas celle de tous les écrivains. Perso, je travaille à plein temps dans un autre domaine, je ne peux pas me permettre, financièrement parlant, de vivre de ma plume, ce qui est une situation que plein d’auteurs francophones connaissent. La taille du marché francophone, les moyens des éditeurs et la restriction des revenus, vu notamment l’absence de traductions vers l’étranger – très peu d’ouvrages de fiction francophones, du moins en YA, connaissent la chance d’être traduits en d’autres langues, contrairement aux ouvrages anglophones, où c’est monnaie courante – sont quelques-unes de ces raisons.

Pour revenir sur ma situation, je suis donc salariée à temps plein. Et j’écris hors des heures de travail, ce qui implique le matin, le soir et les week-ends. Ce qui ne m’empêche pas, bien entendu, de devoir déclarer mes revenus en tant qu’auteur (il ne faut pas rêver non plus !) Donc, je n’ai pas le statut d’indépendant – ce serait différent si l’écriture était ma seule activité professionnelle.

Pour plus d’informations pratiques, je vous invite à consulter notamment le site de la Charte des Auteurs & Illustrateurs Jeunesse, qui regorge d’informations pratiques générales & notamment sa section de brochures à télécharger, qui vous donnera pas mal de conseils et astuces sur la réalité du métier d’écrivain.

Et c’est tout pour cette première session ! Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire, je les noterai pour une prochaine session questions/réponses 😉

25 réflexions sur “Vos questions sur l’écriture et le métier d’auteur : premier round !

  1. Article très intéressant, et je suis rassurée de ne pas être la seule à me lancer sans filet, sans fiche persos et sans plan. Encore que parfois je fais un plan que je ne regarde plus par la suite, mais pour avoir une idée d’ensemble de l’intrigue autre que dans ma tête.

  2. Sympa ! Même si moi mon problème c’est plutôt d’apprendre à me jeter sans filet pour me remettre à l’écriture que j’ai laissée en chemin il y a 5 ans après l’avoir foulée de quelques petits pas.
    Bref, tout ça pour dire que je tente actuellement de m’y remettre avec Draft Quest pour me remettre sur pied en prenant l’habitude d’écrire régulièrement. Mon objectif n’est plus d’écrire un jour quand ça reviendra mais d’écrire tous les jours même si ça ne vient pas. On verra où ce nouveau chemin me mène 🙂

      • Draft Quest est un ensemble d’outils. Il y a un forum ; un MOOC avec des petits cours en ligne, des exercices et des maximes encourageantes à écouter avant de se mettre à écrire pour se donner du cœur à l’ouvrage quand on n’est pas très motivé ; mais surtout c’est une petite application toute simple pour prendre l’habitude d’écrire chaque jour. On se crée une campagne où on se fixe un objectif qu’on trouve réalisable. Pour l’instant par exemple mon objectif est de réussir à écrire 15 minutes par jour pendant 30 jours d’affilé. Au final j’écris souvent plus longtemps mais si je me dis que je vais m’y mettre tous les jours pendant 1 heure je sais que je ne vais rien faire alors… On peut même choisir un thème qui affiche quelques images si on est en manque d’inspiration. Et la philosophie du site est d’écrire tous les jours même si on n’a pas d’inspiration et jusqu’à ce que l’inspiration arrive de toute façon…
        Bref, pour les personnes comme moi qui ont tendance à ne pas écrire régulièrement et qui ont parfois de gros passages à vide qui amènent à culpabiliser ça peut être un outil précieux. Je le test depuis une semaine et pour l’instant ça marche pour moi. Enfin disons que j’arrive à écrire un peu tout les jours et que ça me permet de me sentir bien 🙂
        On verra si ça débouche un jour sur un livre, je n’en suis pas là pour l’instant…

  3. Très intéressant à lire tout ça, merci beaucoup 🙂 Moi mon problème c’est toujours la même chose: une fois que j’ai écrit la première partie d’une histoire qui me trotte dans la tête, je suis prise d’une énorme flemme de continuer. Ca m’énerve^^ Bon, pour une fois, j’ai terminé ma partie 1 hier et toute la journée je me suis dis « oh putain putain putain (oui, je suis malpolie) j’ai trop hâte de savoir ce qu’il va se passer après!! » haha. Comme si je lisais un livre en fait. Bref, du coup, je suis obligée de me bouger les fesses pour voir ce que la suite me réserve^^

  4. Article intéressant. Ce que j’aime, chaque fois que je lis ce genre de temoignages, c’est la diversité dans la manière d’aborder l’écriture. Il n’y a pas longtemps, je relisais l’avis de GRR Martin qui considère que tout écrivain est soit architecte (celui qui ne peut construire sans plan) soit jardinier (celui qui plante une graine et la laisse pousser). Je pense être plus architecte. Au contraire de toi, j’ai besoin de connaître les personnages sur le bout des doigts, d’avoir une trame précise pour avancer. Et je ne reviens que très rarement sur ce que j’ai écrit. Mais comme tu l’as si bien dit, il faut savoir expérimenter et le Nano m’en apprend tous les ans.
    Ce qui m’intrigue (et qui, je l’espère, fera l’objet d’une prochaine session) ce sont ces éléments qui peuvent déclencher une publication : l’art du synopsis, la quitessence d’une lettre…
    Au plaisir

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  10. Mille excuses ! Je me suis rendu compte que je passé souvent sur ce blog, qui est pour moi une mine de renseignement, d’inspiration et j’en passe, sans jamais laisser de message. Honte à moi ! J’ai pris conscience depuis que je publie de Fanfiction à quel point les petits mots laissés peuvent faire plaisir et sont encourageants. Pour réparer mon erreur, je vais retourner commenter petit à petit tous les articles qui m’ont marqué, intéressé. À commencer par la série d’articles « Vos questions sur l’écriture et le métier d’auteur », qui sont une mine d’or et d’information pour les novices tels que moi ! Merci notamment d’avoir éclairé la situation pour le statut d’auteur (je connaissais celui des illustrateurs, mais ne savait pas vraiment la situation pour les auteurs). Je souffre aussi du syndrome de la page noir, c’est parfois épuisant.

    • Hello Nolwen, bienvenue sur ce blog 🙂 Je vais répondre petit à petit à tes commentaires. Je suis d’ores et déjà contente que cette série d’articles ait pu t’intéresser et répondre en partie à tes questions.
      A très bientôt et bon dimanche !

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