Inspirations et Influences (III)

Pour continuer la série débutée par cet article et celui-ci, voici donc quelques autres sources d’inspirations et d’influences (non, je ne parlerai pas seulement de bouquins, même si certains seront cités).

J’évoquais dans mon premier article mon amour pour la réécriture de contes de fée. Dans ce domaine, voici donc quelques titres qui me tiennent particulièrement à cœur !

On va commencer par… des bandes dessinées (ou des comics, comme les appellent nos amis d’Outre-Manche). Bon, j’en lis très peu, à la fois parce que ça se lit (trop) vite à mon goût et d’autre part, parce que je n’y connais rien. Si j’ai entendu parler de « Fables », c’est en grande partie grâce aux Booksmugglers, un super blog anglophone tenu par deux chroniqueuses géniales et dingues de l’imaginaire.

Fables1Fables2

Le pitch de « Fables » est assez simple : les personnages que nous connaissons dans les contes de fée se sont faits exiler de leurs royaumes respectifs par un mystérieux Adversaire et ont trouvé refuge, via une porte communiquant avec notre monde, à Manhattan, où ils ont créé une communauté appelée « Fabletown ».

Là où c’est beaucoup moins simple, c’est que l’auteur et ses collaborateurs se sont amusés à détourner ces contes de manière totalement irrévérencieuse, mais en gardant un ton logique avec la tradition des contes. Ainsi, le Prince Charmant est non seulement un coureur de jupons, mais aussi un escroc de première catégorie, que ses trois ex-épouses (Blanche-Neige, Cendrillon et la Belle au Bois Dormant) détestent cordialement.

Ne vous y trompez pas : « Fables » est très éloignée de la vision Disneyenne des contes de fée. C’est parfois gore, cruel (comme le sont les contes à l’origine) et sombre, mais c’est aussi tendre, drôle et absolument attachant. J’ai énormément de personnages préférés dans cette saga (toujours en cours d’ailleurs) (Blanche-Neige est l’un d’entre eux, très éloignée de la figure classique de la princesse, elle incarne une femme forte et fragile à la fois.)

Bigby

Cependant, si je devais n’en citer qu’un, ce serait Bigby, alias the Big Bad Wolf, le grand méchant loup. Par une ironie succulente dont Bill Willingham a le secret, Bigby est devenu le chef de la sécurité de Fabletown. Cependant, si vous croyez qu’il s’est totalement assagi, ce serait bien mal le connaître. Je ne vais pas vous dévoiler son parcours, ni le rôle crucial qu’il joue dans l’avenir de la communauté des Fables – car vous pensez bien que l’Adversaire refait surface ! – mais c’est des persos qui m’a le plus touchée au cours de la saga.

Le second comic, s’il n’est pas lié aux contes de fée, entretient pourtant des liens fort étroits avec ceux-ci, vu son traitement de personnages légendaires. Alan Quatermain, le capitaine Nemo ou encore Docteur Jekyll sont plongés dans une intrigue déjantée par les créateurs (dont Alan Moore) de la « Ligue des Gentlemen extraordinaires » !

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Là aussi, c’est une découverte que je dois aux Booksmugglers. Et je dois dire que je ne la regrette pas, même si je n’ai lu que les deux premiers tomes. J’en oublierai presque de vous parler du rôle déterminant joué par Wilhelmina Murray. Et si ce nom ne vous dit rien, relisez donc « Dracula »… car oui, il s’agit bien de Mina Harker ! Une Mina qui s’est séparée de son époux (d’où l’emploi de son nom de jeune fille), qui se retrouve à la tête de cette ligue assez extraordinaire en effet. Car tous ces personnages, loin d’être des héros irréprochables, renferment en leur for intérieur des secrets qui mettent en péril leur mission donnée par le mystérieux « M » : sauver l’Empire britannique. Par exemple, Quatermain est un addict à l’opium alors que le docteur Jekyll a bien du mal à contenir son alter ego.

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Attention cependant : si « Fables » n’est pas à mettre entre toutes les mains, « la Ligue des Gentlemen extraordinaires » l’est encore moins ! Humour corrosif, irrévérence typiquement British & scènes violentes, voire très sanglantes et sombres, y sont présents. Pour autant, ce comic ne se résume pas à ceci et il serait dommage de passer à côté de cette histoire pour ce seul motif. Personnages bien campés, dialogues piquants et clins d’œil littéraires y abondent.

Cet article ne serait pas complet si je ne citais pas deux recueils de nouvelles qui m’ont profondément marqué. Le premier, « La compagnie des loups » d’Angela Carter, est à mille lieues de la version Disney des contes. On retrouve dans ces nouvelles le caractère sulfureux et interdit que comportaient ces histoires, avant qu’on ne les affadisse pour en faire des histoires pour les enfants. La plus célèbre nouvelle, « La compagnie des loups », qui a inspiré d’ailleurs un film, reprend ainsi le conte du Chaperon Rouge et met en valeur le thème premier de cette histoire, à savoir l’initiation sexuelle d’une jeune fille, alors que sa version du « Chat Botté » est en revanche plus légère, offrant au spectateur les aventures comico-dramatiques d’un duo improbable, entre Maître désargenté et Chat rusé. Ecrites au scalpel, dans un style raffiné, Angela Carter évoque des images troublantes, dignes héritières des contes d’antan.

compagnie_loups

Le deuxième est d’un auteur bien connu en Francophonie, j’ai nommé Pierre Dubois et ses « Comptines assassines ». A la différence d’Angela Carter, qui préfère rester le plus souvent dans un monde fantasmagorique, il insère avec brio les contes de fée dans un contexte contemporain. Je vous conseille ainsi «Barbe Bleue », reprise jouissive du conte, ou encore « Les musiciens de la ville de Brême », où un jeune homme découvre à ses dépens les coulisses d’un royaume enchanté. Là aussi, cruauté et violence sont présentes, mais il y a aussi énormément de tendresse, par exemple dans sa nouvelle « La vieille femme qui habitait dans un soulier », où il décrit toute la fragilité de Féerie.

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Bref, vu que ces deux ouvrages existent en poche, si vous ne les avez pas lus, foncez !

Last but not least, les séries TV ! Bon, j’aime beaucoup, même si je suis souvent des siècles en arrière dans leur visionnage (et oui, que voulez-vous, je suis has been dans ce domaine !). Dans le domaine des contes de fée, je vais en citer deux :

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D’abord, « Le dixième royaume », qui a été diffusée il y a quelque temps maintenant et qui existe – heureusement pour moi ! – en DVD. Où nous suivons Virginia et son père, loser de première catégorie, à New York, embarqués dans une quête par… un golden retriever ! Là aussi, il y a un loup – charmant d’ailleurs ! – mais je ne vous en dirai pas plus. C’est drôle, bourré d’humour comme de clins d’œil aux contes et les personnages sont très attachants.

La deuxième est sans doute la plus connue, je veux parler de « Once upon a time » dont je n’ai vu que la première saison (quand je vous disais que je suis en retard !). En toute objectivité, cette série m’a à moitié séduite, car je trouve le ton souvent trop gentillet et manquant de ce mordant que renferment les contes originaux. Néanmoins, je trouve que l’alternative des narrations entre présent dans notre monde et passé dans l’univers imaginaire est bien maîtrisée. Sans surprise, un de mes personnages préférés est…

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J’y fais d’ailleurs référence dans mes « Outrepasseurs »

Je termine cet article – ou plutôt cette tartine ! – ici, en espérant qu’il vous aura donné envie de (re)découvrir certains titres qui y sont mentionnés.

9 réflexions sur “Inspirations et Influences (III)

  1. Je ne connaissais pas « Fable », au début de ton lecture j’ai fortement pensé à « Once upon time », on dirait presque un plagiat au niveau du concept, c’est amusant ! Heureux que tu apprécies « la compagnie des loups », le film de Neil Jordan est magnifique. J’adore « la ligue », notamment tout le délire autour de « la guerre des mondes » (dans le tome suivant il me semble), quel dommage que le film ne soit pas à la hauteur…

  2. Pingback: Outrepasseurs 2 : the D-Day ! | Cindy Van Wilder

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