Chroniques LGBTQIA+

… Ze retour !

On voit que ce printemps a été particulièrement occupé pour ma pomme, et que, par conséquent, le blog en a un peu souffert… C’est donc parti pour un petit tour d’horizon de ce que j’ai pu lire ces derniers mois à ce sujet !

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Symptoms of being Human de Jeff Garvin

The first thing you’re going to want to know about me is: Am I a boy, or am I a girl?

Riley Cavanaugh is many things: Punk rock. Snarky. Rebellious. And gender fluid. Some days Riley identifies as a boy, and others as a girl. The thing is…Riley isn’t exactly out yet. And between starting a new school and having a congressman father running for reelection in uber-conservative Orange County, the pressure—media and otherwise—is building up in Riley’s so-called “normal” life.

On the advice of a therapist, Riley starts an anonymous blog to vent those pent-up feelings and tell the truth of what it’s REALLY like to be a gender fluid teenager. But just as Riley’s starting to settle in at school—even developing feelings for a mysterious outcast—the blog goes viral, and an unnamed commenter discovers Riley’s real identity, threatening exposure. Riley must make a choice: walk away from what the blog has created—a lifeline, new friends, a cause to believe in—or stand up, come out, and risk everything.

Mon avis

J’ai beaucoup aimé ce roman, on peut même dire que ça a été un gros coup de coeur.

Comme le dit si bien le 4e de couv’, on ne saura jamais si Riley est un garçon ou une fille. Et je peux vous dire qu’après quelques pages, ce n’est plus une question importante. D’abord et surtout parce que Riley s’identifie comme genderfluid, à savoir quelqu’un qui peut s’identifier en tant qu’homme ou femme. Une identité qui n’est en aucun cas fixe, qui peut d’ailleurs varier selon la personne. C’est un processus qui est extrêmement bien décrit dans le roman, où l’on suit les pensées de Riley et ses difficultés non seulement à s’accepter tel qu’il/elle est, mais aussi à communiquer ses émotions à son entourage.

Comme je le disais dans ma revue Goodreads, c’est aussi un roman qui traite très bien des thèmes adolescents, sans pour autant tomber dans les clichés/lieux communs que l’on peut trouver dans le YA. C’est un bouquin qui a réouvert des cicatrices chez moi, des blessures que je pensais endormies, à tout le moins cautérisées, mais dont ce n’était pas vraiment le cas.
La solitude quand on est ado/jeune adulte, le sentiment d’être incompris, ces regards que l’on doit subir parce qu’on est différent…. Je ne pourrai jamais prétendre savoir ce que le personnage de Riley subit et surtout, ce que tous les jeunes s’identifiant comme « genderfluid » vivent au quotidien.
Ca ne m’a pas empêché de ressentir énormément d’empathie pour ce personnage.
C’est un splendide roman, un début qui m’a laissée le coeur serré et surtout, reconnaissante qu’un tel bouquin existe.
J’aurais aimé le lire quand j’étais ado. Je me serais sentie moins seule, moins isolée, moins vulnérable sans doute.
Pour l’heure, je ne peux que vous encourager vivement à le découvrir. C’est un bouquin qui ouvre les yeux, qui nous donne envie de voir au-delà de notre vision binaire des choses, car non, cela ne concerne pas que des minorités. Non, cela ne concerne pas que la sexualité ou la quête d’identité.
Non, la question n’a jamais été de voir ce que le perso avait ou non dans le pantalon.
La question, c’est de remodeler notre vision des gens, notre vision du monde, d’ouvrir les yeux, et surtout, de respecter l’autre.
Respecter l’autre, aller au-delà des préjugés et des clichés, s’ouvrir à d’autres points de vue.
Et si ce n’est pas là l’enjeu de la littérature, je ne sais pas ce que c’est.

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None of the Above par I.W. Gregorio

A groundbreaking story about a teenage girl who discovers she was born intersex… and what happens when her secret is revealed to the entire school. Incredibly compelling and sensitively told, None of the Above is a thought-provoking novel that explores what it means to be a boy, a girl, or something in between.

What if everything you knew about yourself changed in an instant?

When Kristin Lattimer is voted homecoming queen, it seems like another piece of her ideal life has fallen into place. She’s a champion hurdler with a full scholarship to college and she’s madly in love with her boyfriend. In fact, she’s decided that she’s ready to take things to the next level with him.

But Kristin’s first time isn’t the perfect moment she’s planned—something is very wrong. A visit to the doctor reveals the truth: Kristin is intersex, which means that though she outwardly looks like a girl, she has male chromosomes, not to mention boy « parts. »

Dealing with her body is difficult enough, but when her diagnosis is leaked to the whole school, Kristin’s entire identity is thrown into question. As her world unravels, can she come to terms with her new self?

Mon avis

Un bouquin qui a fait pas mal de bruit lors de sa sortie, notamment parce qu’il aborde le sujet des personnes intersexuées, à savoir des personnes, qui, à la naissance, présentent des caractéristiques biologiques appartenant à l’autre sexe (du moins, c’est le cas présenté dans ce roman. Je vous invite à regarder ce reportage pour obtenir une définition générale de l’intersexuation)

Dans le cas qui nous occupe donc, Kristin, jeune fille populaire, qui vient d’être élue Homecoming Queen par son lycée, découvre lors d’une visite chez son gynéco qu’elle a donc des caractéristiques intersexe. Naturellement, ça remet pas mal de choses en question chez elle, à commencer par sa relation avec son père, ses meilleures amies ou encore son petit ami.

J’aurais vraiment aimé apprécier ce roman davantage. Si l’auteur se débrouille réellement très bien, du moins à mes yeux, pour nous expliquer ce qu’est donc l’intersexuation et évoquer le parcours des personnes qui sont intersexuées, en revanche, sur l’intrigue et le style, je suis restée sur ma faim. Kristin ne m’a pas paru spécialement attachante et le twist de la fin, que j’ai senti venir à des kilomètres, m’a un peu gâché le plaisir de la lecture.

Je suivrai néanmoins avec attention ce que cette auteur va nous proposer par la suite !

Et je vais clôturer ce petit tour d’horizon avec un roman qui m’aura vraiment marquée, j’ai nommé…

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Faggots de Larry Kramer

Larry Kramer’s Faggots has been in print since its original publication in 1978 and has become one of the best-selling novels about gay life ever written. The book is a fierce satire of the gay ghetto and a touching story of one man’s desperate search for love there, and reading it today is a fascinating look at how much, and how little, has changed.

Mon avis

Rarement un bouquin ne m’aura autant posé de défis !

D’abord, un avertissement – contrairement aux romans que j’ai déjà pu présenter, Faggots n’est vraiment pas pour tout public. C’est une lecture qui doit être réservée pour un public averti (et oui, je pèse mes mots), notamment pour le contenu de certaines scènes. Vous êtes prévenu-e-s !

De quoi traite Faggots ? (Et je vous prie de ne pas répéter ce terme en-dehors du cadre de ce roman). D’abord, je commencerai par son auteur, Larry Kramer, que je ne connaissais pas avant que quelqu’un en parle sur Twitter et qui est une figure majeure dans la lutte pour les droits LGBTQIA+ ainsi que dans la prévention relative au sida. Je vous laisse le lien Wiki si vous désirez en savoir davantage sur l’homme en question.

Dès le départ, Faggots est terriblement difficile d’accès. Autant ne pas se voiler la face – vous avez une pléthore de personnages, l’auteur passe de l’un à l’autre, parfois en très peu de temps. Le style passe sans transition d’un ton descriptif à un récit très oral, dans le sens où l’on plonge sans prévenir dans les pensées des personnages. Enfin, il n’y a pas de réelle intrigue à ce roman : si vous vous attendez à des retournements haletants, passez votre chemin ! Ce roman est clairement une chronique très satirique de la scène homosexuelle du New York pré-apparition du Sida.

Ajoutez à ça la plume trempée dans l’acide de l’auteur, un style qui n’épargne personne, c’est corrosif, c’est extrêmement trash (quand je vous disais que ce roman n’est pas à mettre dans toutes les mains !!), bref ça n’offre clairement pas une vue optimiste de l’humanité, loin de là.

Vous allez me dire : « Mais pourquoi avoir continué ce brûlot ? »

En fait – et c’est là le génie de l’auteur, là aussi, je pèse mes mots – c’est que Kramer, tout en ne se départissant pas de son cynisme à toute épreuve, parvient, via le prisme d’un personnage, qui, je le pense, lui ressemble beaucoup, à laisser percer toute sa sensibilité, toute sa vulnérabilité également et, par ricochet, la vulnérabilité de ceux qui l’entourent. Il expose avec brio la double facette du monde qu’il côtoie : d’un côté, un monde secret, où ceux qui l’entourent ne peuvent pleinement vivre que dans certains lieux (boîtes de nuit, Fire Island, etc), de l’autre, un côté très exubérant, flashy, très factice aussi, où l’on sent, sous les paillettes, le désir de s’assumer au grand jour. C’est vraiment un paradoxe qui est intéressant à suivre tout au long du roman.

Ce roman, c’est aussi une quête d’identité, d’amour également (surtout via le regard de Fred). J’irais même jusqu’à dire qu’on sent l’appel à l’aide, tout au long de ces pages, une chronique douce-amère, une réflexion « Ne vaut-on pas mieux que ça? » Ce n’est vraiment qu’à la toute fin qu’on sent un peu de sérénité revenir dans le récit.
C’est extrêmement corrosif et en même temps, très émouvant. Un mélange des plus détonnants pour ce roman, qui est le reflet d’une certaine époque.

Et voilou pour ces chroniques ! Comme d’habitude, si vous avez des titres à me recommander, je suis toute ouïe !

15 réflexions sur “Chroniques LGBTQIA+

  1. Merci de partager avec nous tes découvertes !
    Je regrette qu’il n’y ait pas plus de romans abordant tout ce qui touche aux LGBTQIA+ en France, ne serait-ce que des traductions. Peut-être les maisons d’édition sont-elles encore trop frileuses sur ce sujet ?
    En attendant, je travaille mon anglais 😉

    • Mais je t’en prie ! Et si, des titres francophones, il y en a mais p-ê moins « visibles » que les titres US/UK… Je pense que j’en ai chroniqué plusieurs, tu peux farfouiller grâce au tag LGBT 🙂

      • Oui, et c’est d’ailleurs grâce à ton blog que j’ai découvert « Black Iris » ! Et il est sorti en France en janvier dernier me semble-t-il (et est dans ma liste de cadeaux pour mon anniversaire, qui approche ^^).
        J’ai aussi découvert, sur YouTube, « Cordélia Aime », qui a fait des vidéos pour présenter des livres sur ces thématiques.
        Au fil du temps, ma liste de lectures LGBTQI+ augmente, mais comme j’évite la plupart des romances – qui constituent une bonne partie de la littérature en général – ça réduit le champ des possibles !

      • aaaah Black iris ! Il est absolument génial ce roman… en fait tous les romans de cet auteur sont géniaux. J’attends ave grande impatience son prochain Bad Boy. Même si’l y a de la romance, il y a une grande réflexion sur la quête de genre/d’identité

      • Un peu de romance ne me gêne pas, mais parfois, quand je lis le résumé, le schéma qui se profile ne m’intéresse pas vraiment… Il faut qu’elle soit bien mise en valeur dans le récit, sans prendre le pas sur tout le reste.
        Anniversaire J-25, je croise les doigts !

  2. Tu m’as énormément émue avec ton avis sur le premier livre.
    Cette thématique est aussi abordée dans A comme aujourd’hui, d’une manière peut être plus « fantastique » et moins « réaliste ». Mais aussi plus accessible pour un jeune public ; enfin j’espère parce que le message de tolérance et de respect qu’il porte devrait être lu par le plus possible de personnes, surtout des jeunes.

    • Oui, je l’avais lu aussi, très bon roman, même si j’ai été un peu déconcertée par la fin. Et oui, j’espère aussi qu’il sera traduit ET lu par le + de monde possible.
      Au fait, rin à voir, mais ravie de t’avoir vue à Epinal, même si malheureusement on n’a pas pu se parler !

  3. Je me suis pris l’extrait de symptoms of being human, je n’ai jamais lu de livre transgenre jusqu’à présent et ton avis est tellement convaincant que je pense me laisser tenter !

    • Hiii, trop contente !!!!!! Pour être toutafé claire, ce n’est pas le parcours d’une personne transgenre qui y est développé, plutôt l’état d’esprit d’une personne « genderfluid » (pas vraiment d’équivalent en VF) je te laisse découvrir !

  4. Pingback: Rentrée ! | Cindy Van Wilder

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