Vos questions sur l’écriture et le métier d’auteur : troisième round !

Vous pouvez retrouver les sessions précédentes ici et .

Let’s go donc pour une troisième séance avec, au menu, une seule question, mais quelle question ! Je vous laisse en juger par vous-même…

  • Bonjour, ce qui m’intrigue c’est l’après écriture, une fois que le livre est terminé comment se passe le contact éditeur, le choix aussi de la maison d’édition à qui vous avez envie de faire confiance (bien que ce ne doit pas être aussi simple que ça), le travail de correction et/où réécriture si besoin il y a, le choix de la maquette pour la couverture, de l’artiste si il y a une illustration ou photo-montage et surtout dans quelle mesure l’auteur a-il voix dans ces différents travaux ?

C’est ce qu’on peut appeler une question complète !

En route donc pour le décorticage, qui, d’ailleurs, va s’étendre sur plusieurs articles, il y a beaucoup à dire et je ne voudrais pas vous assommer avec mes pavés ! (Qui a dit que j’étais bavarde ?)

Avant de parler du contact avec les éditeurs, je vais d’abord dresser le tableau sur Comment soumettre son manuscrit à un éditeur.

En Francophonie – tout au moins européenne – il faut savoir que nous faisons figure d’exception. En effet, ailleurs dans le monde, principalement pour les anglophones, mais le système tend à se développer ailleurs, les auteurs, s’ils veulent être publiés traditionnellement, à savoir sans auto-publication qui est encore un tout autre domaine, doivent d’abord décrocher un agent.

Késako ? L’agent est un intermédiaire entre l’auteur et l’éditeur. Du côté auteur, il le coache dans sa vie d’écrivain, a le plus souvent un rôle d’éditeur pour le texte soumis, veille à la qualité des contrats et à ce que l’auteur perçoive à temps ce qu’il lui est dû financièrement parlant, bref, il veille sur son poulain. Côté éditeur, il sait ce que l’éditeur veut, quels sont ses goûts, il peut lui proposer les manuscrits que lui-même a sélectionnés et conclure des contrats avantageant les deux parties éditeur/auteur (l’agent y a tout intérêt, sa rémunération dépend de celle de l’auteur).

En francophonie, donc, de manière traditionnelle – je vais revenir sur ce point par la suite – l’auteur contacte directement l’éditeur en passant, le plus souvent, par des comités de lecture qui examinent les manuscrits reçus par la voie postale ou par e-mail. S’ils trouvent un texte qui leur convient, ils le transmettent à l’éditeur/son assistant, qui à son tour, le lit, considère son potentiel commercial – il ne faut pas oublier cet aspect-là des choses dans la chaîne du livre – et s’ils estiment que le texte correspond à ce qu’ils recherchent, contactent l’auteur pour lui proposer un contrat.

Voilà, dans les grosses lignes, comment ça se passe. En pratique, quand vous vous apprêtez à soumettre votre manuscrit, il faut tenir compte de plusieurs choses :

* Toutes les maisons d’édition n’acceptent pas la soumission de manuscrits, en grande partie parce que leur catalogue est entièrement dédié à la traduction de romans, le plus souvent anglophone. C’est là un des avantages du système anglophone, c’est que les agents ne s’occupent pas seulement des ventes dans le pays de l’auteur – ou de la sphère anglophone – ils négocient aussi les droits de traduction dans le monde entier. Cela se passe notamment lors de foires internationales, comme celles de Francfort ou de Bologne (pour la jeunesse).

* Toutes les maisons d’édition n’ont pas la même taille : parfois vous devrez passer par un comité de lecture, parfois vous tomberez directement sur l’éditeur. Qui dit différence de taille dit aussi différence de moyens. Il est aussi intéressant de voir si votre éditeur a un distributeur/diffuseur, aka le maillon entre lui et une bonne diffusion en librairie.

* Renseignez-vous un minimum avant d’envoyer votre manuscrit tous azimuts ! Car, si vous recevez un mail vantant les qualités de votre manuscrit et aussitôt, une facture, de grâce, écartez cet éditeur, qui n’en est pas un. C’est un prestataire de services, qui le plus souvent vous demande des prix exorbitants pour un service que vous pouvez obtenir bien moins cher. Ce n’est en aucun cas un éditeur !

* Enfin, les agents commencent à se développer en francophonie. Si certains ne sont pas encore accessibles pour les auteurs débutants, d’autres, en revanche, acceptent les soumissions. Certaines maisons d’édition ne travaillent d’ailleurs qu’avec eux, signe que le paysage éditorial francophone est en mutation.

Enfin, avant de parler de mon parcours personnel, je vous recommande quelques liens.

Et sinon, vous pouvez toujours cliquer sur le tag Ecriture de ce blog !

Quelques mots sur mon parcours personnel, donc :

J’ai d’abord soumis le premier tome des Outrepasseurs à des éditeurs spécialisés dans l’imaginaire – je les connaissais mieux, de par mes lectures, que ceux qui visaient la jeunesse & le YA. Et… j’ai attendu. Et croyez-moi, surtout pour quelqu’un comme moi qui n’est guère patiente, c’est très dur de guetter jour après jour les mails, le téléphone, même si vous savez pertinemment bien que c’est beaucoup trop tôt pour obtenir une réponse, ce qui ne vous empêche pas de cliquer régulièrement sur la touche « Rafraîchir ».

Si je connaissais déjà Gulf Stream Editeur, notamment grâce à son excellente collection Courants Noirs, je ne l’avais pas retenu dans la liste des éditeurs potentiels, vu que je ne pensais pas que mon roman puisse les intéresser : trop mature, trop adulte, trop long aussi ! C’est une amie, qui justement contactait des éditeurs pour récolter des informations dans le cadre du GGG – celui dont je vous parlais plus haut – qui m’a encouragée à le faire (d’ailleurs, depuis lors, je l’appelle la bonne fée des Outrepasseurs !)

Donc j’envoie un vendredi soir. Le lundi, j’ai un mail de Paola Grieco, l’éditrice de Gulf Stream, m’indiquant son vif intérêt pour le synopsis joint au manuscrit (et si vous ne savez pas ce qu’est un synopsis, je vous invite à le découvrir ici ! ) Coup au coeur. Et puis attente… qui au final durera huit mois. Et si cela vous semble long, sachez qu’en temps éditorial, c’est relativement rapide. La suite, vous la connaissez… ou plutôt je vous en dévoilerai plus dans le prochain article 😉